L’acharnement contre les associations de sauvetage en Méditerranée continue : immobilisation de l’avion de Pilotes volontaires
Les entraves aux associations participant aux opérations de sauvetage d’embarcations en détresse dans la Méditerranée se multiplient. Le 5 septembre dernier, l’avion de l’association Pilotes volontaires, dont l’objet est d’apporter un soutien d’observation aérienne aux opérations de recherche et de sauvetage en mer en permettant de localiser des embarcations en détresse, a été immobilisé par les autorités italiennes. L’association encourt une amende de 100 000 euros. Nous reproduisons ci-dessous le communiqué diffusé par l’association le 12 septembre 2025. |
L’aéronef civil d’observation Colibri 2 immobilisé 20 jours :
nous contestons et alertons sur cette décision.
Le 5 septembre 2025, notre avion, le Colibri 2, a été immobilisé pour 20 jours par les autorités italiennes. Cette détention s’accompagne d’une sanction financière exorbitante de 100 000 euros.
Cette procédure s’inscrit dans une tendance inquiétante : la criminalisation systématique des acteurs civils de recherche et de sauvetage en mer. En quelques mois seulement, nos partenaires Mediterranea saving humans, RESQSHIP, Sea-Eye, Sea-Watch ou encore Compass Collective ont déjà vu leurs navires ou avions bloqués, et leurs missions entravées par des amendes arbitraires.
Chaque immobilisation, chaque sanction, se traduit concrètement par des vies perdues en mer.
Avec cette décision, l’Italie poursuit sa politique répressive et franchit un nouveau cap dans sa volonté de tenir les ONG et associations loin de leurs zones d’opérations. L’amende infligée à Pilotes Volontaires n’a rien à voir avec un prétendu respect de la loi : elle illustre au contraire un acharnement administratif avec l’ambition politique d’étouffer et faire disparaître les organisations civiles de sauvetage en Méditerranée centrale, en particulier depuis l’adoption du décret-loi Flussi.
Pourtant, les tribunaux italiens, jusqu’à la Cour constitutionnelle, ont rappelé que toute décision fondée sur des normes punitives et discriminatoires contournant le droit maritime international, devait être considérée comme illégale et illégitime. Le décret-loi Flussi, qui impose notamment d’alerter systématiquement les prétendus « garde-côtes » libyens, en est une parfaite illustration : il est illégal, illégitime et contraire aux droits humains.
Depuis notre création, nous avons toujours respecté le droit de la mer et les droits fondamentaux. C’est pour cette raison que nous avons refusé de prévenir systématiquement les milices libyennes, responsables d’interceptions violentes, qui ramènent les personnes rescapées dans des camps où elles subiront abus, exploitation et torture, et qui tirent sur nos partenaires à l’arme de guerre. Nous ne l’avons fait que lorsque cela s’avérait indubitablement nécessaire.
Nous contestons la détentions assortie d’une amende exorbitante, et nous dénonçons avec force ce décret et ses conséquences dramatiques.
Nous exigeons :
- La libération immédiate du Colibri 2 et la levée des sanctions financières.
- L’abrogation du décret-loi Flussi.
- La fin du soutien financier, matériel et opérationnel de l’Union européenne et de l’Italie aux soi-disant garde-côtes libyens et tunisiens.
Nous appelons les citoyennes et citoyens, les organisations et les institutions à nous soutenir dans notre action légale contre cette détention, et dans nos efforts pour permettre au Colibri 2 d’être à nouveau opérationnel. Luttons ensemble pour le respect de la vie et de la dignité humaine, pour la liberté de circulation pour tous et toutes et sans conditions, ainsi que du droit de la mer.
Solidairement,
Pilotes Volontaires
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