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Au « centre de réception des étrangers »
(218, rue d'Aubervilliers, Paris 19e)

Une procédure cavalière, maladroite et illégale (3/4)

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Visite du 17 mai 2000

Il est 11h45 quand nous arrivons, l'Algérien que j'accompagne et moi. Nous nous m'engageons sur un itinéraire piéton obligatoire, puisque matérialisé par des barrières fixes et mauves. Il conduit à un escalier qui nous fait descendre en sous-sol du bâtiment. Arrivé là, je m'aperçois que la voie est sans issue. Elle est barrée, au fond, par une grille fermée. Pour remonter vers l'entrée, il faut emprunter la voie parallèle qui, comme sur une autoroute, est séparée de sa voisine par un muret (celui-ci de l'ordre de 1m30 de haut). C'est le seul moyen de remonter en surface et d'avoir accès à l'entrée du centre de réception. Comment faire ? Il faut sauter le mur. Je me suis interrogé sur la signification de cette course obligée que je dirai « de haie » (puisqu'il s'agit d'un parcours imposé à des êtres humains) et que je pourrais dire« d'obstacles » (mais, naturellement, il ne s'agit pas de chevaux). De toute évidence, les normes de sécurité de droit commun sont violées. Quant au respect des vieillards et des handicapés...

Au filtrage de l'entrée dans le centre, l'attente et l'ambiance étaient, ce jour-là, convenables. Nous avons fait partie du troisième lot de dix personnes admis à pénétrer dans les locaux. Nous avons, pour cela, piétiné sur place pendant 20 minutes. Il faisait beau. C'était supportable.

Outre la présence visible de l'appellation « Centre de réception des étrangers » au dessus de la porte, j'ai noté l'apposition d'un panneau rouge interdisant de photographier, et celle d'un panneau noir où est écrit « centre de réception des étrangers pour l'asile politique », ce qui constitue une indication erronée, qu'il faudrait donc retirer.

A l'intérieur, le passage par le portail de détection des métaux s'est déroulé dans une ambiance bon enfant sous la responsabilité d'un CRS de bonne humeur.

Dès le portail de sécurité franchi, l'ambiance change. Ce 17 mai, la fonctionnaire qui oriente les étrangers dans les services ne sait pas parler sans crier. Manifestement, le public qui est celui du centre l'agace, à moins que ce ne soit plus grave. Je l'entends hurler trois fois « Mesdames, sortez ! » à quatre dames qui échangent paisiblement et silencieusement leurs impressions. Quand vient mon tour, j'explique l'affaire pour laquelle nous sommes venus : le dépôt d'une « Notice asile » remplie et accompagnée des documents exigés, qui avait été retirée de 4 mai. Je dis « pour une demande de statut de réfugié ». La fonctionnaire me répond avec énervement « ici, y a l'asile politique ou l'asile territorial, c'est tout ». Je lui dis « enfin l'asile par l'OFPRA ». Elle me dit ne pas comprendre de quoi il s'agit.

La fonctionnaire en question jette un œil rapide au formulaire. Elle remarque que, au dos du document, nous avons indiqué « Alger – Marseille par bateau » immédiatement sous le titre « Votre trajet depuis le pays d'origine ». Elle nous reproche de n'avoir rien écrit dans l'encadré désigné par ce titre, alors que le cas de figure du futur demandeur de statut de réfugié que j'accompagne – aucun pays traversé – n'est pas prévu. En effet, les quatre colonnes de l'encadré sont « Pays traversés » (il n'y en a pas), « Durée du séjour » (sous-entendu dans ces pays), « Une demande d'asile a-t-elle été déposée ? » (sous-entendu dans ces pays), et « Moyens de transport ». Je lui explique que l'intéressé était directement passé de l'Algérie à la France et que donc.... Mais rien n'y a fait. « Vous devez remplir le tableau », réplique-t-elle, avant d'enchaîner de façon savoureuse : « De toute façon, y a pas de place pour déposer. Vous reviendrez le 26 juin ». Et d'apposer vigoureusement un tampon qui porte, sur la « Notice d'asile » [1] dûment remplie, les mentions :

REVENIR à 8h30
le 26 juin 2000
POLICE GENERALE
une ligne illisible

Notes

[1] A ce propos, je note que le formulaire « Notice asile » prévoit (colonne réservée à l'administration au recto) le « nom de l'agent ». La rubrique est restée vierge dans notre aventure administrative.

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Dernière mise à jour : 8-07-2000 20:08.
Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2000/centre/rapport-2.html


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