Article extrait du Plein droit n° 39, juillet 1998
« Une vieillesse illégitime »

Mourir en exil

A Bobigny, le seul cimetière musulman de France

Dans l’unique cimetière musulman de France, situé à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, sept mille personnes ont été ensevelies depuis soixante ans. Le cimetière date en effet de 1937. Il a été créé peu après l’ouverture de l’hôpital franco-musulman de Bobigny (aujourd’hui hôpital Avicenne), dont la construction avec été décidée dix ans plus tôt, lors de l’inauguration de la Mosquée de Paris et de la préparation enthousiaste des fêtes qui devaient célébrer le centenaire de la conquête de l’Algérie. Le cimetière a longtemps appartenu à l’hôpital. Depuis l’an dernier, il est devenu le carré musulman du cimetière intercommunal des villes d’Aubervilliers, la Courneuve, Drancy et Bobigny.

Les trois hectares du cimetière étaient, à l’origine, encore entourés de champs. Ils sont aujourd’hui en pleine zone industrielle. Toutes les tombes sont orientées vers la Mecque, des plus anciennes – le plus souvent une modeste stèle marquée de l’étoile et du croissant – jusqu’aux dalles décorées des années 1980 et 1990. Venues des pays du Maghreb ou du Moyen-Orient, de Madagascar, de la Réunion, des Comores ou des anciens comptoirs de l’Inde, les vagues successives de l’immigration ont laissé leur trace. Le visiteur s’arrête parfois devant un petit tertre entouré de pierres. Il découvre aussi les noms de personnalités du monde musulman, diplomates, universitaires, princes ou athlètes. Au centre du cimetière, le drapeau français flotte sur le carré n° 8, celui de soldats morts, pour la plupart, lors de la libération de Paris en 1944.

Des travaux vont commencer avec un double objectif : préserver ce cimetière comme un lieu de mémoire tout en l’ouvrant à de nouvelles sépultures. Beaucoup de musulmans souhaitent en effet y être enterrés car peu de cimetières communaux – une cinquantaine pour toute la France – disposent d’un carré musulman. Un appel sera lancé pour retrouver les familles des morts qui y sont enterrés et leur demander de se faire connaître au moment où la réhabilitation sera entreprise.



Article extrait du n°39

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Dernier ajout : vendredi 4 avril 2014, 13:07
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