Article extrait du Plein droit n° 55, décembre 2002
« Parcours, filières et trajectoires »

Stratégies roumaines

Dana Diminescu

Attachée de recherche, Maison des sciences de l’homme, Paris.
Comme tous les pays de l’ancien bloc communiste, la Roumanie s’est libérée de plus de quarante ans de « non-mobilité » par une frénésie de migrations. Après une période de tâtonnements vers un Occident mythifié et interdit, ces migrations se sont intensifiées gagnant peu à peu tous les pays occidentaux. Inscrites dans le contexte particulier de la construction européenne, elles ont cependant connu une évolution spécifique.

Après la chute du régime communiste en Europe de l’Est, les peuples de ces pays sont passés de façon spectaculaire de la « non-mobilité » (depuis la seconde guerre mondiale et jusqu’en 1989, non seulement les migrations mais toute forme de déplacement international étaient restés très réduits) à un régime de migrations très intenses. La Roumanie ne fait pas exception : malgré un régime international très restrictif à l’égard de la libre circulation des Roumains, les douze années écoulées entre l’obtention du droit de sortir librement du pays (décembre 1989) et le droit d’entrer sans visa dans l’espace Schengen (janvier 2002) ont marqué la reprise des déplacements à l’étranger.

Dans leur ensemble, ces nouvelles mobilités s’inscrivent dans les tendances générales de l’espace migratoire mondial. Mais, dès que l’on se réfère au contexte particulier de la construction européenne et à la question de l’adhésion des pays d’Europe centrale et orientale à l’Union européenne, elles renvoient à une évolution spécifique.

C’est à travers l’étude des rapports complexes qui se dessinent dans les relations des différents pays de l’UE avec la Roumanie (en particulier sur la politique de gestion des flux de circulation et de migration) et leurs contributions implicites à la genèse des différentes mobilités, qu’on a pu distinguer, pendant les années qui ont suivi le changement politique et social de 1989, plusieurs stratégies et même stratagèmes de circulation migratoire correspondant à trois périodes distinctes.

Au cours des premières années de la décennie 90 (1990-1994), des migrations de tâtonnement, temporaires, pour la plupart transfrontalières, tentent d’« approcher » un Occident mythifié et interdit jusqu’en 1989. Durant cette période, des migrations ethniques ayant comme destination l’Allemagne, la Hongrie et Israël ont vécu leur dernier épisode. D’autres ressortissants roumains, reconvertis au « commerce à la valise » (c’est-à-dire au petit trafic transfrontalier) affluaient pendant ce temps vers la Turquie, la Yougoslavie et la Pologne. Ces nouvelles circulations migratoires, très en vogue tout de suite après 1989 et qui exprimaient un désir plutôt de circulation que de migration, diminuent jusqu’à leur disparition vers la fin des années 90.

Si elles représentaient, pour de nombreux Roumains, le premier exercice d’un droit dont ils avaient été privés depuis un demi-siècle, elles ont marqué également le premier schisme entre l’Etat roumain, (qui a mis longtemps à revoir sa conception de l’étranger et à harmoniser sa réglementation avec la législation européenne), et ses citoyens qui se sont trouvés très vite en difficulté, entre l’envie de partir et un statut qui ne le leur permettait pas.

Dès lors, les itinéraires migratoires des Roumains sont devenus un vrai parcours du combattant des frontières utilisant toutes les opportunités possibles, la ruse et le détour. Clandestins pour la plupart, les passages au-delà de l’ex-rideau de fer ont été, au début, le fait d’initiatives individuelles, suivant une logique plutôt d’improvisation et d’exploration. Puis, à mesure que les connaissances sur les trajets et les potentialités du marché du travail occidentaux s’accumulaient, les départs groupés, accompagnés d’un passeur, ont été plus nombreux.

Des trajectoires identiques

La France a vu arriver, dans cette période, deux populations de migrants de Roumanie d’ethnies et d’origines géographiques différentes. Il y avait, d’une part, une communauté de Roms (du département de Timis [1], à l’Ouest de la Roumanie, dans la région du Banat), auxquels se sont ajoutées, à différents moments au cours des dix dernières années, d’autres branches de différentes ethnies de Roms provenant de plusieurs régions (Arad, à l’ouest de la Roumanie, Cluj en Transylvanie, Craiova au Sud, et récemment une communauté d’une banlieue de Bucarest) ; il s’agissait, d’autre part, d’une communauté de paysans saisonniers d’Oas et de Maramures [2] (deux régions voisines au Nord de la Roumanie, les départements de Satu-Mare et de Baia Mare).

Bien que leurs tactiques et leurs itinéraires migratoires vers la France soient très divers, et que les réseaux des uns n’interférent pas avec ceux des autres, les trajectoires migratoires ne différent pas d’un groupe à l’autre. Deux trajets jalonnent l’espace et le temps des voyages clandestins et se détachent dans l’ensemble de leurs mobilités : un par la Pologne traversant l’Oder, et l’autre par la Hongrie, pénétrant l’espace occidental à la frontière verte avec l’Autriche.

Jusqu’en 1998, ces populations justifiaient leur présence en France par la demande d’asile politique, et cela en dépit du fait qu’elles étaient provisoirement installées, faisant chaque année l’aller-retour entre la Roumanie et la France. Ainsi, au bout de quelques années de va-et-vient entre les deux pays, chaque migrant avait accumulé un vrai patrimoine de savoir-passer la frontière.

Une entrée clandestine conclue, quelques mois après, par un retour « forcé », mais en réalité volontaire et gratuit, (organisé par la compagnie Tarom – grâce aux procédures d’expulsion et aux accords de réadmission signés par la Roumanie avec la majorité des pays de la Communauté européenne) a été une des stratégies couramment employées par les migrants roumains en France. Cette organisation a changé, vers la fin des années 90, quand la formule est devenue : une entrée légale dans l’espace Schengen, un séjour clandestin régularisé sur place (obligatoirement dans un Etat autre que celui qui a délivré le visa d’entrée dans l’espace Schengen) et un retour légal.

Tous les pays occidentaux sont concernés. A destination d’abord de l’Allemagne et de la France, les migrations roumaines se sont ensuite dirigées vers l’Italie pour s’étendre, vers la fin des années 90, aux pays du Sud de l’Europe qui connaissent à leur tour une hausse sans précédent des flux de population provenant de Roumanie. Et ce glissement des circulations migratoires roumaines vers le bassin de la Méditerranée n’est pas un phénomène isolé et circonscrit aux frontières européennes. La Turquie et Israël viennent désormais s’inscrire dans ce continuum migratoire du pourtour méditerranéen.

Inscrites longtemps dans des paysages, les frontières ont quitté, à la fin des années 90, les cartes de la géographie physique. Transformées en fichiers, elle sont soudainement apparues dans les consulats, les préfectures, sur les ordinateurs portables d’un agent de contrôle à côté d’un banal péage d’autoroute. Tel est le cas du fichier de délivrance des visas, de l’AGDREF (fichier des ressortissants étrangers en France), du SIS (Système informatique Schengen), d’Eurodac (fichier communautaire des demandeurs d’asile politique dans l’Union européenne), etc. Ces nouvelles frontières informatiques, qui déploient une logique de réseau extraterritorial, ont élargi les territoires nationaux ou communautaires au-delà de leurs frontières d’Etats.

La nouvelle frontière informatique

Leur mise en fonction a ouvert la voie à quelques mutations dans le monde migrant : mise en place d’une autre gestion à distance et en réseau des pesanteurs territoriales [3] ; « professionnalisation informatique » des passeurs ; « emprisonnement informatique » dans une sorte de centre moderne de rétention comme l’est le Système informatique Schengen. Un autre changement est apparu dans la configuration des passages. Désormais, c’est par « l’écran » [4] qu’on devra passer et, tout comme dans la nouvelle Devant la loi de Franz Kafka, chacun par sa propre porte. Ainsi, nom, date de naissance, nationalité sont devenus des codes précieux d’installation dans la mobilité. Et tant que ceux-ci feront partie d’un algorithme d’opposition à la circulation, le marché de la fabrication d’une « identité de voyage » (documents, relations, passeports ou mot de passe) ne pourra que prospérer.

Les frontières informatiques ont également contribué à la modification des stratégies de départ et à la composition du capital de mobilité. Dans les pays d’accueil s’institue ainsi une stratégie d’échanges sociaux, d’inventions techniques et de solidarité. Si, dans le cas du passage par la frontière naturelle, transmettre le mot et la recette faisait de chaque clandestin un véritable passeur (du moins un passeur d’informations), dans le cas de la frontière informatique (le fichier de la délivrance des visas, par exemple), le rôle du passeur est assigné aux amis, aux contacts à l’étranger avec ceux qui ont parrainé le passage à l’Ouest (particulièrement par la procédure de l’invitation).

Chez les amis allemands

Ainsi, les circulations migratoires roumaines observées dans les années 90 ne peuvent se comprendre sans l’arrière-plan de l’histoire de la migration des Aussiedlers (c’est-à-dire des Allemands rapatriés) de la Transylvanie et du Banat, deux régions roumaines à forte composante ethnique allemande. Les retours intermittents des Allemands d’origine roumaine à l’occasion de vacances ou de visites à la famille résidant encore en Roumanie – liberté très précieuse qui leur permettait de partir et de revenir, et tant désirée – ont nourri pendant longtemps l’imaginaire migratoire de la société roumaine.

Cette population, qui circulait selon diverses modalités entre la Roumanie et l’Allemagne, reconnue aussi bien dans un pays que dans l’autre, représentait le meilleur capital social de mobilité des Roumains. Ainsi, par exemple, chaque année, depuis 1998, les consulats allemands en Roumanie ont délivré environ 180 000 visas aux citoyens roumains, soit trois fois plus que les consulats des autres pays membres de l’UE – pour ne prendre que l’exemple de la France, deuxième « distributeur » de visas, entre 50 000 et 60 000 visas ont été accordés pendant la même période.

D’après les fonctionnaires du consulat allemand de Timisoara, deux tiers des visas délivrés chaque année sont des « Besuchvisum  », (visas de court séjour pour rendre une visite) obtenus grâce à une invitation venant d’un citoyen allemand. Ces invitations proviennent, dans leur large majorité, de la communauté des Aussiedlers

.

Pour les migrants allemands, chaque séjour en Roumanie provoque, à leur retour en Allemagne, une série d’invitations à l’adresse de leurs amis roumains, leurs voisins, leurs « obligés », etc. Certes, des échanges d’amitié dans le cadre strict d’un Besuchrecht (droit de visite) ont eu lieu mais, dans leur majorité, ces invitations servent à l’installation dans la mobilité de dizaines de milliers des personnes qui n’ont pas d’autre moyen de circuler dans l’espace Schengen.

Si, au début des années 90, les « invités » se transformaient, après leur entrée en Allemagne, en réfugiés politiques, la situation se présente bien différemment aujourd’hui. Une partie de la population migrante roumaine installée et travaillant de manière plus ou moins temporaire en Italie, mais aussi en Espagne ou en France, est arrivée de Roumanie suite à une demande de visa pour l’Allemagne. Une sorte d’accord tacite en vigueur dans ces réseaux vise en effet à éviter de créer des ennuis aux amis allemands qui ont permis la délivrance de ce visa. Cette connivence garantit « la propreté dans l’ordinateur  » [5] (c’est-à-dire la non-inscription dans le SIS) ; on la retrouvera dans tous les cas décrits ici, à l’égard des Italiens ou des Français, même si aucun n’atteint l’ampleur du cas allemand.

Dans le cadre d’une politique européenne d’« immigration zéro » et d’un clivage insurmontable entre l’ancien exil et les migrations après 1989, les Allemands originaires de Roumanie ont joué un rôle essentiel dans les circulations migratoires roumaines : le rôle d’une diaspora manquante. Prêts à partager leur capital institutionnel et de mobilité, ils ont assuré l’alliance de base entre la Roumanie et l’Europe.

L’attente d’un retour au sein de l’Europe

Depuis février 2000, des migrations roumaines attendent la normalisation de la circulation dans le cadre de l’Union européenne. Pendant des années, la Roumanie a frappé à la porte de l’Europe d’une manière émotionnelle, en termes de retour dans un giron qui avait toujours été le sien

,

et non pas opérationnelle en termes d’intégration. Les aspects juridiques et économiques tracés par la CE n’ont pas été perçus en tant que tels, d’autant que les réformes se sont longtemps fait attendre.

Parallèlement, avec l’ouverture à l’Ouest et le processus de négociation d’adhésion à la Communauté européenne, la Roumanie prend conscience, pour la première fois, de la question migratoire. D’une part, elle intensifie les mesures contre la migration clandestine, de l’autre, elle se réjouit que 3 % du PIB de la Roumanie proviennent des fonds envoyés de l’étranger par ses citoyens.

Le processus de suppression des visas est entré en vigueur le 1er janvier 2002. Les Roumains ont obtenu le droit de circuler librement dans l’espace Schengen au prix d’une frontière temporelle et économique : désormais, ils peuvent voyager en Occident sans dépasser trois mois par an et en justifiant de ressources équivalant à cent euros par jour. Dès lors, ces nouvelles mesures ont contraint les Roumains à façonner d’autres stratégies de circulation migratoire : le va-et-vient entre la Roumanie et l’Occident se poursuit donc au rythme des trois mois autorisés, les services de transport ont enrichi leur offre, les trajectoires migratoires et les destinations se sont diversifiées et orientées massivement vers le bassin méditerranéen.

Plusieurs pays européens sont sortis de leur rigidité à l’égard des ressortissants roumains et ont conclu des accords avec la Roumanie permettant le travail saisonnier chez eux. C’est le cas de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal, de la Suisse et de la Hongrie. Les quotas sont en moyenne de 5 000 travailleurs par Etat et par saison. Les conventions portent sur les secteurs de l’informatique, de la santé, du BTP, de l’agriculture et de la restauration.

De son coté, la Roumanie se prépare à devenir partie prenante du processus de coordination et d’unification des politiques migratoires européennes. La loi relative au régime des étrangers en Roumanie, d’inspiration européenne, a été adoptée en urgence le 2 avril 2001 de même que la loi sur le régime juridique des frontières de l’Etat, l’organisation et le fonctionnement de la police des frontières (juin 2001). Les mesures juridiques contre la migration clandestine, au sein et à l’extérieur de la Roumanie, se sont renforcées. A Bucarest, on parle de « l’alignement de la procédure d’octroi des visas pour “les Etats de la liste négative”, conformément à celle prévue par l’accord de Schengen » et, effectivement, des négociations pour l’imposition de visas aux Ukrainiens, aux Russes et aux Moldaves tracent un nouveau rideau de fer.

Alors que l’Europe démantelait, en 1989, ses défenses contre le communisme, elle commence à se croire menacée par un ennemi intérieur. Le danger extérieur – explique Monica den Boer [6] – s’est transformé, et dans ce glissement des périls du régime communiste aux dangers de l’immigration et du crime organisé, ont été entraînés, sans exception, tous les pays candidats à l’élargissement de l’Union européenne. Pour entrer en Europe, il faut donc commencer par créer une frontière sûre à l’Est, qui devient la nouvelle frontière extérieure à l’Est de l’Europe. Créer une frontière pour mieux circuler, voilà un des meilleurs paradoxes de notre époque.

La Roumanie, à côté des autres pays de l’Europe de l’Est, apprend à la fois la construction idéologique d’un étranger commun à tous les pays du vieux continent et les pratiques institutionnelles de l’hospitalité européenne. ;

NOTE DE LECTURE



Immigration : le défi mondial



par Philippe Bernard, Gallimard, « Folio Actuel », 2002, 352 p, 7,60 €

Chef de section du département « société » au journal Le Monde, Philippe Bernard nous livre ici, dans un travail étayé par des statistiques sérieuses et illustré de tableaux évocateurs, loin des approximations et des amalgames faciles, un condensé de sa riche expérience en la matière.

Analyse de ce phénomène mondial et permanent, qui devient un enjeu majeur pour l’Europe. Rappel historique de la manière dont il a été traité en France, surtout depuis la fin de la seconde guerre mondiale, où l’étranger, dénoncé comme « inassimilable », tient le rôle du bouc-émissaire des frustrations du moment. Elargissement de la réflexion au-delà des petits débats hexagonaux, où l’on passe insensiblement du colonisé à l’immigré, et interrogations, hors des sentiers battus, sur les réponses à apporter, dans l’avenir, face à la mondialisation des biens et des capitaux.

En annexe, un précis juridique, rigoureux et bien documenté, contenant un utile aperçu sur les législations étrangères concernant la nationalité.

Bref, un ouvrage qu’on ne saurait trop recommander à tous ceux, nombreux, qui ont affaire aux étrangers en France : parlementaires, élus municipaux, agents de l’administration, magistrats, avocats, militants d’associations, dont l’ignorance est parfois flagrante, mais qui entendent ne pas se contenter des idées reçues sur un problème aussi fondamental.

André Legouy




Notes

[1Les premiers Roms de Timis sont arrivés en France en 1991. Plusieurs centaines d’entre eux ont vécu à Roubaix, une cinquantaine d’autres se sont installés à Toulouse. A Nanterre, un campement de fortune accueillera longtemps entre 800 et 1000 personnes. (A. Reyniers, Les populations Tsiganes et leurs mouvements dans les pays d’Europe centrale et orientale et vers quelques pays de l’OCDE, OECD , Paris, 1995, p. 14).

[2Dana Diminescu, ibid.

[3Depuis 1986, le visa est l’instrument essentiel de dissuasion de la circulation migratoire clandestine et à l’encontre des pays de la liste noire, c’est-à-dire ceux qui comportent un risque migratoire. Le contrôle des frontières s’exerce donc à distance, les autorités consulaires devant interroger, pour chaque personne qui se présente, les fichiers de la délivrance des visas. Ces fichiers, dénommés « fichiers d’opposition » peuvent être consultés également par les services de la police de l’air et des frontières. Ils contiennent un traitement automatisé d’informations nominatives et des informations relatives à la nature du visa demandé (court séjour et long séjour).

[4Un migrant roumain raconte ainsi son entrée dans l’espace Schengen : « Ils [la police de frontières] m’ont cherché sur l’écran, ils ne m’ont pas trouvé et je suis passé  ».

[5Voir Dana Diminescu, « Le système D contre les frontières informatiques, in Hommes et Migrations, n° 1230, mars-avril 2001, p. 28-33.

[6Crime et immigration dans l’Union européenne : http://www.multimania.com/ policenationale/immigration_ue.htm.


Article extrait du n°55

→ Commander la publication papier
S'abonner

[retour en haut de page]

Dernier ajout : jeudi 17 avril 2014, 14:58
URL de cette page : www.gisti.org/article4201