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« Des étrangers sans droits dans une France bananière »
Rapport de mission en Guyane et à Saint-Martin

SUR L'ÎLE DE SAINT-MARTIN

Pas de dérapages sur les Haïtiens

MARIE-FLORENCE BRENGARD,
JUGE D'INSTANCE

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Étrangers en situation irrégulière

Il n'y a pas tant de clandestins à Saint-Martin qu'on le dit. Lorsqu'ils sont poursuivis, ils passent de la partie hollandaise à la France et inversement. Ils sont donc comptabilisés deux fois. Des vols directs ont été mis en place. Ils concernent tant les Dominicains que les Haïtiens. Aucun contrôle effectif des autorités françaises ne s'effectue sur l'aéroport international de Juliana (en zone hollandaise). Avec un bon pourboire, on peut toujours entrer.

Acquisition de la nationalité

Le service de la nationalité du tribunal d'instance est très important parce que les Haïtiens sont encore très jeunes. Il y avait au demeurant beaucoup « d'articles 50, 54 » avant la loi Méhaignerie [1]. Depuis cette réforme, c'est le greffier en chef qui est chargé des déclarations de nationalité. Or, il n'y a pas de greffier en chef à Saint-Martin. Tout est donc envoyé à Basse-Terre. Quant au contentieux de la nationalité, il est de la seule compétence de Pointe-à-Pître, de sorte que 700 dossiers par an doivent transiter par le greffier en chef de Pointe-à-Pître, ce qui rend la gestion de ces derniers délirante.

Inscriptions scolaires

Chaque année, il faut rappeler à la municipalité que les jeunes étrangers doivent être inscrits quelle que soit la situation de leurs parents.

Nettoyages postcycloniques

On avait annoncé, après Luis, des départs massifs. J'ai été saisie de cinq ou six prolongations de rétention, le délai de 24 heures s'avérant très insuffisant en raison des jours de départ d'avions qui allongent nécessairement la durée de la rétention.

Après le cyclone, une chasse aux sans papiers a été mise en oeuvre. Le ghetto (puisqu'on ne dit plus bidonville) a été rasé à Concordia parce que les tôles ont abîmé les maisons alentour. Il n'y avait pas d'eau courante, pas d'électricité ; tout a été nettoyé au bulldozer par l'armée et les gendarmes avec construction d'un village de tentes, dans l'attente d'un programme de constructions sociales pour lequel priorité sera donnée aux métropolitains.

Quelque 500 Haïtiens au moins sont partis. Après le cyclone, il y a eu en réalité un black out.

Le sous-préfet n'a qu'une faible marge de manoeuvre. La radio rend compte contradictoirement des problèmes résultant du cyclone. Il y a eu des dérapages sur les épidémies, pas sur les Haïtiens. Un timide mouvement de protestation s'est amorcé lorsque le bulldozer a rasé les bidonvilles, mais les Haïtiens sont peu soutenus car les Saint-Martinois sont invités à reprendre le travail pour les entreprises métropolitaines.

Après s'être américanisée pendant dix ans, l'île de Saint-Martin vit du dieu dollar.


Notes

[1] L'ancien code de la nationalité prévoyait que « l'enfant mineur né en France de parents étrangers peut réclamer la nationalité française par déclaration ». Cette disposition a été abrogée par la loi Méhaignerie en 1993.

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Dernière mise à jour : 8-01-2001 18:44.
Cette page : https://www.gisti.org/ doc/publications/1996/bananier/saint-martin/brengard.html


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