Action collective
Depuis que la destruction de la dernière jungle de Calais a débuté, les autorités multiplient les déclarations mensongères à l’égard du mouvement No Border, espérant ainsi détourner l’attention de la violence dont elles font elles-mêmes preuve chaque jour.
Le lundi 29 février 2016, au cours de la première journée de destruction de la jungle, au moins quatre personnes ont été arrêtées, accusées pour deux d’entre elles de « tentative de destruction par incendie », puis ont été relaxées et remises en liberté le mercredi 2 mars. Deux de ces personnes étaient des volontaires de l’Auberge des Migrants, une association calaisienne*. Sur son compte facebook, la maire de Calais désignait pourtant ces personnes comme étant « deux activistes de la mouvance No Border, interpellés lundi au cours de heurts survenus lors du démantèlement de la partie sud de « la jungle ». La maire allant même jusqu’à regretter que « nous nous heurtions dans de trop nombreux dossiers à une absence de preuves formelles, empêchant de sanctionner les fauteurs de troubles », dévoilant ainsi sa conception particulière d’une justice qui n’est pas assez politique pour elle [1].
Cet épisode illustre le net retour du mouvement No Border comme cible des autorités locales et nationales dans leurs déclarations, trop souvent reprises telles quelles, sans réelle analyse [2]. Du ministre de l’Intérieur en passant par la Préfète et la maire, tous se sont unis dans une chorale mensongère sur « No Border », reprise une fois de plus en chœur par les médias traditionnels.
Ainsi, dans leurs discours, les « No Border » sont parfois tenus pour responsables des actes de violence, quand ils ne sont pas accusés de manipuler les exilés, de ne pas réellement se soucier de ces personnes, ou encore soupçonnés de brûler des cabanes de la « jungle ». Et ceci à chaque fois que les migrants osent protester contre la répression et l’humiliation qui leur sont faites au quotidien.
Les autorités ont clairement intérêt à désigner le mouvement « no border » comme étant responsable de ce qui ne va pas à leurs yeux :
« Les No Border » constituent un bouc émissaire parfait. Il ne s’agit pas d’une association ou d’un collectif mais d’un réseau informel. Les autorités peuvent ainsi se permettre de désigner vaguement certains anarchistes insaisissables et manipulateurs de migrants, en sachant pertinemment qu’il n’y aura pas de réactions. Nombreux sont celles et ceux, y compris au sein des organisations signataires, qui envisagent avec enthousiasme et réalisme les idées d’ouverture ou de disparition des frontières.
Au delà des idées, très concrètement et quotidiennement sur le terrain, les personnes qui se revendiquent du mouvement No Border font partie du paysage militant et associatif, et nous nous en réjouissons [4]. Nous n’accepterons pas que des organisations associatives ou des individus puissent être tenus pour responsables des exactions et des dysfonctionnements des autorités.
Nous exhortons les gens à être aussi critiques face aux déclarations concernant les « No Border » qu’ils devraient l’être face aux promesses de l’État français d’une « expulsion humanitaire » sans violence. Informons-nous au-delà des voies officielles et, avant tout, soyons soudés contre la répression étatique à Calais.
Premiers signataires :
[2] Articles de presse portant des déclarations calomnieuses sur les « No Border » :
– dans Le Parisien
– dans Metronews
[3] Voir les rapports du Défenseur des droits, du Contrôleur des lieux de privation de liberté, et la décision du Conseil d’État
[4] Voir précédent communiqué de presse interassociatif du 17.11.2015 « Non, le mouvement No Border n’est pas responsable de l’augmentation de la tension dans le Calaisis »
Envoi par le Groupe d'information et de soutien des immigré·es www.gisti.org |
Sur le Web : www.gisti.org/article5284 |
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