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       |   |  Textes d'application CMU :attention aux dérapages !!!
         Paris, le 27 septembre 1999 La  loi 
          sur la Couverture Maladie Universelle votée le 27 Juillet 
          1999 laisse une large part d'appréciation aux décrets 
          et autres textes d'applications.   Sur la résidence, la régularité, la stabilité, 
          les ressources, les agréments d'organismes divers, on constate 
          que la complexité des textes d'application brouille la lisibilité 
          et la cohérence du dispositif d'ensemble de la CMU.
          De ce fait, c'est l'ensemble de la population précaire qui 
          risque de se trouver soit exclue du dispositif, soit dissuadée 
          d'y accéder devant les difficultés et les incompréhensions.
          Les décrets cacheraient-ils une régression effective 
          du droit par rapport aux objectifs de la loi tels que proclamés 
          initialement par les pouvoirs publics ?
          Telle est notre inquiétude à la lecture des premiers 
          projets de décrets. C'est pourquoi nous réclamons que 
          la rédaction de ces décrets soit l'occasion d'une clarification 
          des objectifs politiques en matière d'accès aux soins 
          des étrangers et des français en situation de précarité. 
          
         1. SUR LA CONDITION DE RESIDENCE1.1. Sur la stabilité du séjourUne personne remplissant la condition de régularité de séjour 
        sera-t-elle exclue de la couverture maladie parce que sa résidence 
        serait non stable (ce qui est restrictif par rapport au texte actuel) ? 
        Par exemple :
          Les français rapatriés devront ils attendre 3 mois 
            de stabilité en France pour pouvoir bénéficier 
            d'une couverture maladie (compte tenu de la disparition de l'assurance 
            personnelle et de l'AME pour les français) ? 
             
          Les demandeurs d'asile conventionnel devront ils attendre 3 mois 
            pour être affiliés, alors que ce n'est pas le cas actuellement ? 
             
          En pratique, comment les personnes SDF en très grande précarité 
            pourront elles justifier de ce délai de 3 mois ?
          
         1.2. Sur la régularité du séjourToutes les personnes en instance d'un 1er titre de séjour, dont 
        les demandeurs d'asile territorial, bien qu'étant en situation 
        régulière, sont-elles sciemment exclus de la CMU ? Pourquoi ne pas ouvrir les droits dès la preuve d'une demande 
          de titre de séjour, compte tenu des délais actuels de 
          délivrance par les préfectures ? 
          
         2. DOMICILIATIONLes décrets doivent imposer aux CPAM la domiciliation des personnes 
        SDF, tant pour l'affiliation CMU et AME (Aide Médicale de l'Etat), 
        que pour les autres droits sociaux. Sans guichet unique, pas d'accès 
        effectif aux droits. 
         3. SUR LA COMPLEMENTAIREParmi les demandeurs d'asile, ceux qui perçoivent effectivement 
        l'allocation d'insertion seront ils exclus de la couverture complémentaire 
        [sur le fondement de l'article R861-15 du CSS (projet)] ? 
         4. SUR LE MAINTIEN DES DROITSLes décrets doivent affirmer clairement la volonté des pouvoirs 
        publics d'améliorer l'accès aux soins des précaires 
        en généralisant le principe du maintien des droits, notamment 
        pendant les périodes de changement ou de renouvellement de situation 
        administrative, ainsi qu'en cas de perte de la qualité d'assuré 
        du fait de l'irrégularité du séjour. Les décrets 
        doivent tenir compte de la  
        décision du 13 août 1993 du Conseil Constitutionnel (et 
        confirmée par 3 arrêts du Conseil d'Etat) qui rappelait : 
        « le législateur n'a pas entendu exclure les personnes 
        concernées [les étrangers en situation irrégulière] 
        ni leurs ayants droit du bénéfice de l'application du délai 
        de prolongation automatique des droits à prestations prévu 
        par l'article L161-8 » 
         5. SUR L'AIDE MEDICALEL'AME permettra t-elle de sortir des casse-têtes de procédure 
        qui ont motivé la mise en place du projet initial « d'universalité », 
        laquelle n'a d'ailleurs pas vu le jour ? Bien que les projets de décrets ne nous soient pas connus à 
          ce jour, il nous semble indispensable de porter une attention toute 
          particulière aux préoccupations suivantes :
          Les décrets doivent imposer : 
         
          Le « titre unique » de couverture maladie, commun 
            aux assurés sociaux et aux titulaires de l'AME, nécessaire 
            pour simplifier les démarches et prévenir toute discrimination. 
             
          Le guichet unique pour éviter le ping-pong institutionnel 
            entre administrations. 
             
          La redéfinition du contenu des dépenses prises en 
            charge, en affirmant le principe d'égalité de traitement 
            AME-Assurance maladie, notamment du point de vue du remboursement 
            des prothèses dentaires et dispositifs médicaux à 
            usage personnel.
          
         6. LA DISPARITION DU REGIME DECLARATIF : « L'impossible 
          ouverture des droits »Le système actuel de l'Aide Médicale permet :
          de tenir compte des charges pesant sur le budget du demandeur, 
             
          d'évaluer les ressources sur la base des 3 derniers mois 
            précédents la demande, 
             
          de justifier de sa situation par déclaration sur l'honneur. 
            Cf circulaire DIRMI/DAS/DSS du 9 Mars 1993, §333-131 [toujours 
            en vigueur].
          Le passage de l'aide médicale à la CMU pour les personnes 
          en situation régulière, fait disparaître le bénéfice 
          de ces dispositions : 
         
          Il n'est plus tenu compte des charges ou de la rupture subite ou 
            accidentelle des ressources. 
             
          Les ressources doivent être justifiées sur 12 mois 
            (art. R861-8 du CSS). Le régime déclaratif actuellement 
            en vigueur pour l'aide médicale n'est pas prévu pour 
            l'affiliation sur critère de résidence.
          De ce fait, c'est l'impossibilité effective de l'accès 
          à la CMU qui se met en place pour les précaires : 
          primo-arrivants, SDF sans justificatif d'identité ou de ressource, 
          etc...
          Nous affirmons que c'est dans la rigueur et la clarté des textes 
          d'application que se joue l'effectivité de l'accès aux 
          soins pour demain. Nous appelons les acteurs du champs sanitaire et 
          social à la plus grande vigilance dans l'analyse et la mise en 
          oeuvre de ces textes.
         COMEDE (Comité médical d'aide aux exilés)Hôpital de Bicêtre
 78 rue du Général Leclerc B.P. 31
 94272 Le Kremlin Bicêtre Cedex
 tél : 01.45.21.38.40
 fax : 01.42.21.38.41
 GISTI (Groupe d'information et de soutien des immigrés)3 villa Marcès, 75011 Paris, France
 fax : 01 43 14 60 69
 permanence juridique téléphonique : 01 43 14 60 66
 (du lundi au vendredi, de 15h à 18h)
   
           
            Dernière mise à jour : 
             8-07-2000  19:54.  Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/1999/derapages.html
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