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COMMUNIQUÉ

Sangatte : sale politique de petits coups tordus

Voir aussi le dossier « Le camp
de "réfugiés" de Sangatte
 »

11/11/2002 — Fermer le camp « officiel » de Sangatte n'a évidemment pas fait disparaître les candidats à l'asile — actuellement surtout irakiens et afghans — qui, depuis des années, tentent de trouver une protection en Grande-Bretagne, parfois après avoir cherché en vain protection dans un autre pays d'Europe. L'Angleterre les attire d'autant plus que les autorités françaises — de droite comme de gauche — n'ont cessé de leur cacher qu'ils avaient le droit de solliciter l'asile en France. Pour ne citer qu’un exemple, durant toute une période le seul document d’information disponible dans le camp de Sangatte indiquait laconiquement : « Vous êtes résident au centre de Sangatte qui est géré par la Croix-Rouge française. Ce centre a été créé par le gouvernement français dans le but de fournir une assistance humanitaire de courte durée aux migrants en situation irrégulière comme vous. Cette situation n'est et ne peut être que temporaire et précaire. » [1] Des instructions avaient été données par le gouvernement français pour que ne figure aucune mention du droit de solliciter l’asile en France.

Le dimanche 10 novembre 2002, il y avait donc, outre les réfugiés errant dans la ville, pourchassés par la police, environ 200 personnes — nouveaux arrivants refusés à Sangatte ou ex-résidents du camp — dans l'église Saint Pierre-Saint Paul de Calais, où ils avaient trouvé un hébergement de fortune depuis la veille, suite à la fermeture manu militari du gymnase qu'ils occupaient.

Leur nombre a mis en échec la volonté du gouvernement de rendre invisibles à l'opinion ces réfugiés, ce qui était l'objectif essentiellement visé par la fermeture du camp de Sangatte. Le soutien d'associations a également mis en échec la volonté du gouvernement de faire croire que ces réfugiés ne rêvaient tous que d'Angleterre, alors que beaucoup cherchent un asile dans n'importe quel pays sûr — pourquoi pas la France.

La décision brutale du préfet du Pas-de Calais, nécessairement inspirée et organisée par le gouvernement français, a consisté à fermer l'église Saint Pierre-Saint Paul, à ne pas autoriser que soit recherché un lieu d'accueil dans Calais ou à proximité, et à disperser les étrangers qui s'abritaient dans l'église vers divers centres (des CHRS — centres d'hébergement et de réinsertion sociale —, des foyers…), répartis dans plusieurs départements français. Ils disposent de « sauf-conduits » de quelques jours, documents sans fondement juridique aucun, présentés comme leur donnant le temps de demander ou non l'asile. Qui va les aider dans leur réflexion ? Et dans leurs démarches ? Qui leur servira d'interprètes ? On ne le sait pas. Cette décision de dispersion vise une nouvelle fois à diluer la question de l'asile pour que nul ne puisse s'apercevoir qu'il n'y a plus, en France, de protection des persécutés.

Mais les intéressés n'ont pas accepté ce marché de dupes. 35 d'entre les 200 sont décidés à demander le statut de réfugié, quelques uns se sont évaporés dans la nature, et iront chercher refuge en Angleterre, ou en Belgique, ou ailleurs encore. Les autres ont décidé de demeurer dans l'église et d'y entamer une grève de la faim.

Pour le gouvernement, il était d'autant plus urgent de cacher les demandeurs d'asile du Pas-de-Calais qu'ils sont Irakiens, Afghans, Soudanais, nationalités qui disent à elles seules leur légitimité dans la recherche d'une protection.

Le ministre de l'intérieur et le préfet du Pas-de-Calais donnent à leur comportement des couleurs humanitaires qu'il n'a évidemment pas. Il s'agit tout au plus d'initiatives improvisées et incohérentes qui sont autant de petits coups tordus contre le droit d'asile, qui succèdent à une pluie d'arrêtés de reconduite à la frontière et à des mois d'obstacles mis aux dépôts de demandes d'asile. On peut, en effet, prévoir ce qu'il adviendra d'étrangers isolés, privés du soutien des associations qui sont les seules à les informer sur leurs droits : ils s'ajouteront à la cohorte des sans-papiers que la République fabrique à la chaîne en se refusant à offrir la protection qui est due aux persécutés.

Notes

[1] « Dignity or Exploitation : the Choice is in your hands ». Ce document est consultable dans la rubrique Document du dossier Sangatte.

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Dernière mise à jour : 15-11-2002 14:37 .
Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2002/sangatte/politique.html


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