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Nuit de la Saint-Sylvestre
et dispositif de sécurité à Paris
Dix-huit organisations interpellent
le Président de la République
et le Premier Ministre
Signataires : Action citoyenne, Act Up-Paris, Association
française des juristes démocrates (AFJD), Association des
Marocains de France (AMF), Association des travailleurs marocains en France
(ATMF), Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles
et transsexuelles à l'immigration et au séjour (ARDHIS),
CGT (UD Paris), Droits devant, Emmaüs-France, FASTI, Femmes de la
Terre, FSU, GISTI, Ligue des droits de l'homme (LDH), Médecins
du monde, MRAP, Syndicat de la magistrature, Syndicat national des personnels
de l'éducation surveillée-Protection judiciaire de la jeunesse
(SNPES-PJJ-FSU)
Secrétariat : Gisti,3 villa Marcès, 75011 Paris, France.
Tél : 01 43 14 84 84
Fax : 01 43 14 60 69
E-mail : gisti@gisti.org
Le 21 décembre 1999
Lettre ouverte
Monsieur Jacques Chirac
Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président,
dans une conférence
de presse organisée le 9 décembre, le préfet
de police de Paris, Philippe Massoni, a annoncé les mesures préventives
qu'il compte prendre pour prévenir et empêcher des troubles
éventuels de l'ordre public à Paris dans la nuit de la
Saint-Sylvestre.
Après avoir observé que, chaque année à
la même époque, 400 à 500 jeunes des banlieues viennent,
selon lui, dans la capitale, en particulier sur les Champs-Elysées,
se livrer à des actes délictueux, M. Massoni a annoncé
que, le 31 décembre prochain, ces fauteurs de troubles seraient
plus nombreux. Ces prévisions l'ont conduit à activer,
pour l'occasion, le plan « Vigipirate » à
son niveau le plus élevé, à mobiliser des effectifs
de police deux à trois fois plus importants que d'ordinaire et
à en répartir une bonne partie dans les banlieues pour
empêcher certains de leurs habitants jugés a priori
dangereux de gagner Paris.
S'il est bien du devoir du préfet de police de Paris de tenter
de prévenir des troubles possibles et de les réprimer
quand ils ont lieu, on ne peut tolérer que les moyens employés
portent atteinte à des libertés fondamentales, en particulier
à la liberté de circulation.
On se souvient que des dispositions comparables ont été
prises en 1998 et en 1999 à l'occasion des manifestations
des lycéens. Ce n'était déjà pas admissible.
Parce que ces précédents n'ont sans doute pas suscité
de protestations suffisantes, ils sont en train de devenir des mesures
« normales » de protection de l'ordre public.
Nous nous opposons aux dispositions annoncées par Philippe
Massoni parce qu'elles tendent à ériger des frontières
intérieures sur des bases évidemment non explicitées
qui sont sociales et ethniques. Nous vous demandons solennellement d'ordonner
au préfet de police de Paris de renoncer à cet aspect
de son projet et d'inviter tous les responsables de l'ordre public à
s'interdire dans l'avenir de prendre quelle que mesure que ce soit de
cette nature.
Persuadés de votre souci de veiller au respect des libertés
fondamentales, nous comptons sur votre attention et sur votre compréhension.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l'expression de notre
haute considération,
Pour les organisations signataires,
Danièle Lochak,
présidente du Gisti.
NB : une lettre identique est adressée à M.
Lionel Jospin.

Dernière mise à jour :
23-11-2000 18:51.
Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/1999/saint-sylvestre.html
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