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Plein Droit n° 5, novembre 1988
« Immigrés : police, justice, prisons »

Vous avez dit racistes ?

Voir l'article « Les associations
contre les violences racistes
 »

L'annulation d'un concert skinheads, pour cause de pluie et de sono défectueuse, a provoqué les 28 et 29 mai derniers de violents incidents. Les spectateurs déçus, dont les caractéristiques essentielles sont leur chevelure coupée à ras et leur idéologie néonazie, ont agressé plusieurs personnes. Ivres d'alcool et de rage, ils s'en sont pris à tous ceux qu'ils croisaient, « coupables » de porter des cheveux new wave ou d'avoir « le teint trop basané ». Tout autant que la brutalité de ces skinheads, c'est la relative clémence des juges qui a pu étonner ainsi que la qualification d'actes racistes.

Ainsi sur les huit skinheads qui passaient le lundi 30 mai en comparution immédiate, sept furent condamnés à des peines allant d'un à trois mois ferme tandis que le dernier recevait trois mois de prison avec sursis... « pour port d'armes prohibés ». C'est en effet le seul arsenal saisi (fusil à pompe, pistolet à grenailles, couteaux à cran d'arrêt) qui a valu à ces jeunes leur condamnation et non leurs actes et propos racistes. D'ailleurs, c'est très calmement qu'ils se sont expliqués : « les skinheads, c'est un mouvement jeune et nationaliste pour la France aux Français (...). On est racistes, on n'aime pas les étrangers ». Mais ce jour là, le tribunal ne se prononçait que sur le délit de port d'armes...

Un peu plus tard, le 4 juillet, le tribunal correctionnel de Rouen condamnait d'autres crânes rasés qui avaient lors de ce même week-end, frappé un jeune appelé du contingent à la coupe de cheveux dérangeante, un propriétaire de bar d'origine maghrébine, son frère et un CRS en civil, d'origine martiniquaise. L'un des agresseurs fut également passé à tabac par un de ses comparses qui lui reprochait... d'y être allé un peu trop fort. Après leur interpellation ces skins (des étudiants, des salariés et une moitié de chômeurs) se justifiaient ainsi : « nous voulons une France propre ». Des arguments qui reviennent comme un leitmotiv dans leur discours.

Il est clair que le principal tort des agressés était de ne pas avoir un look typiquement franchouillard. Malgré l'aveu des skins, le tribunal n'a pas jugé bon de retenir le caractère raciste de ces actes. Dans ces conditions, la Ligue des Droits de l'Homme et le MRAP n'ont pas pu se porter civile.

À la lecture de ces jugements, on peut s'interroger sur les actes qui pourraient désormais être considérés comme racistes par un tribunal ! Ne pas condamner, explicitement, ces délits racistes ne peut-il pas contribuer à les banaliser et en conséquence à les encourager ?

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Dernière mise à jour : 28-12-2000 12:59.
Cette page : https://www.gisti.org/ doc/plein-droit/05/racistes.html


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