| Plein Droit n° 14, juillet 1991« Quel droit à 
  la santé pour les immigrés ? »
 
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  travailleurs immigrés Elle 
          concerne d'ex-salariés licenciés d'une fonderie, au chômage 
          lorsque l'étude a commencé. Une information sur les maladies 
          professionnelles dans cette fonderie avait été faite par 
          une organisation syndicale au moment de la fermeture de l'entreprise 
          et faisait suite à la délivrance, par le médecin 
          du travail, de certificats médicaux de maladie professionnelle 
          à plusieurs salariés. L'équipe ISIS a été 
          saisie par l'organisation syndicale d'une demande d'étude sur 
          les maladies professionnelles dans cette entreprise et sur le devenir 
          des procédures de reconnaissance en maladie professionnelle engagées 
          par les salariés. Nous avons organisé une permanence hebdomadaire 
          pendant deux ans, ouverte à ceux qui souhaitaient des informations 
          par rapport à leur santé et aux procédures de réparation 
          engagées.face aux atteintes professionnelles »
 Quarante-six travailleurs se sont présentées (dont 44 marocains, 
          un Français d'origine marocaine, et un Sénégalais). 
          Tous sont arrivés en France entre 1957 et 1974. Au moment de 
          la fermeture de l'entreprise, ils avaient entre 34 et 54 ans. 
          Parmi eux, 33 sont venus en France avec un contrat de travail établi 
          au Maroc par des agents d'entreprises françaises : Houillères 
          du Nord-Pas de Calais (10), BTP (10), Fonderies (5), 
          usine de montage Peugeot (6), autres entreprises (2). La plupart des travailleurs interviewés ont occupé, avant 
          d'être salariés de la fonderie, des emplois exposant aux 
          mêmes risques professionnels que ceux existant dans cette entreprise, 
          en particulier la poussière et le bruit. Au début de l'enquête, tous étaient chômeurs 
          depuis dix-huit mois. En 1988, 4 avaient trouvé du travail, 
          28 étaient en fin de droits, 1 était de nouveau au 
          chômage après avoir travaillé pendant huit mois. 
          Aucune information n'a pu être retrouvée quant à 
          la situation des 14 autres travailleurs interviewés, concernant 
          leur emploi ou leur éventuel retour au Maroc. Les deux tiers des salariés interviewés se plaignent 
          de troubles respiratoires : toux, expectoration, essoufflement. 
          La majeure partie d'entre eux présentent des anomalies visibles 
          sur radio des poumons, dont certaines peuvent être en rapport 
          avec une maladie professionnelle.  Dix-neuf interviewés se plaignent de troubles auditifs. Trente-trois interviewés ont eu au moins un accident de travail. Les accidents bénins tels coupure, plaies des doigts, corps 
          étranger oculaire (ferraille), sont extrêmement fréquents, 
          quasi quotidiens, mais il existe également un grand nombre d'accidents 
          nécessitant un arrêt de travail, voire même une hospitalisation. 
          Parmi ces 33 personnes, 7 ont eu deux accidents du travail, 
          5 en ont eu trois et 2 en ont eu quatre. Six ont été hospitalisés à la suite d'un 
          accident de travail, l'hospitalisation durant de une semaine à 
          deux mois. Ces hospitalisations étaient dues soit à des 
          pertes de connaissance par traumatisme crânien, soit à 
          des brûlures par de la fonte, nécessitant une greffe. La plupart des accidents ont touché les membres. On compte 18 traumatismes 
          des membres supérieurs, 7 traumatismes des pieds, 9 traumatismes 
          rachidiens, lumbagos, 4 traumatismes crâniens et/ou perte 
          de connaissance. D'autres pathologies étaient également présentes : 
          ulcères gastro-duodénaux, colopathies fonctionnelles, 
          insomnie, nervosité, crises de tachycardie, lipothymie... Nombreux sont ceux chez lesquels on retrouve l'utilisation ordinaire 
          d'anxiolytiques. La plupart des interviewés ont présenté plusieurs 
          atteintes cumulées : accident de travail, atteintes respiratoires 
          ou auditives, troubles digestifs et/ou manifestations d'anxiété. Au total, 18 déclarations de maladie professionnelle ont 
          été faites, dont : 11 pour silicose,1 pour 
          asthme, 8 pour surdité. Ainsi 19 procédures ont été engagées 
          pour 15 salariés, trois d'entre eux ayant surdité 
          et silicose cumulées. En 1988, par rapport à ces 19 dossiers, la situation était 
          la suivante : Silicose : 3 cas reconnus, 6 cas définitivement 
          rejetés, 2 cas en cours (déclarés en 1987). Surdité : 2 cas reconnus, 6 cas rejetés Asthme : 1 cas rejeté.  
 
           
            Dernière mise à jour : 
             23-07-2001  11:59.  Cette page : https://www.gisti.org/
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