A. Généralités sur la procédure de naturalisation

1. Textes

  • Code civil
    Acquisition de la nationalité française par décision de l’autorité publique
    Art. 21-14-1 à 21-29

>> On trouvera ici l’ensemble des textes relatifs à la nationalité.


2. Ouvrages

  • Paul Lagarde, La nationalité française, Dalloz, 2011


3. Description de la procédure de naturalisation

a. Procédure et voies de recours

La procédure, telle qu’elle est prévue par le code civil et précisée par le décret du 30 décembre 1993 modifié à plusieurs reprises, comporte plusieurs étapes.

  • Le dépôt de la demande en préfecture (décret, art. 35 à 39)

La personne demanderesse doit produire un formulaire rempli, accompagné de documents justificatifs. Elle dispose alors d’un délai de six mois pour déposer l’ensemble des pièces demandées. Le préfet peut, dès ce stade, déclarer la demande irrecevable s’il estime que les pièces démontrent qu’une des conditions prévues par la loi n’est pas remplie ou la classer sans suite si le dossier n’est pas complété dans le délai imparti. Si le dossier est complet, un récépissé est délivré.

NB. Dans certaines préfectures, la prise de rendez-vous pour le dépôt du dossier se fait par internet et le formulaire de demande est téléchargeable. Le jour du rendez- vous, le fonctionnaire vérifie le formulaire et les pièces. S’il manque des documents, il faut reprendre la procédure depuis le début et reprendre un nouveau rendez-vous via internet. Le dossier n’est enregistré qu’une fois complet.

La préfecture du Rhône a officiellement chargé depuis 2013 les « Points Informations Médiations Multiservices » (PIMMS), d’assister les personnes pour la constitution du dossier avant son dépôt, notamment en vérifiant que toutes les pièces ont été incluses. Le statut des PIMMS est celui d’une association régie par la loi de 1901. Ils bénéficient à la fois de financements d’entreprises nationales et soutiens publics. Leur mission générale consiste à faciliter l’accès aux services publics auprès des habitants des communes où ils sont implantés. Dans le Rhône, il n’est pas possible de déposer une demande sans avoir au préalable reçu une convocation auprès d’un PIMMS, qu’il faut présenter ensuite à la préfecture au moment du dépôt.

  • L’instruction

Une enquête est ouverte par les services de police, qui peuvent mettre à contribution des autorités administratives (fisc) ou des organismes professionnels ainsi que les collectivités territoriales du lieu de résidence de l’intéressé. Les recherches menées visent à évaluer la conduite et le loyalisme de la personne. Une enquête sur son état de santé peut également être menée si le préfet l’estime nécessaire.

Pendant le déroulement de l’enquête, la personne est convoquée pour un entretien individuel, destiné à évaluer son assimilation, mené par un agent de la préfecture. Les demandeurs et demandeuses doivent prouver leur connaissance de l’histoire, de la culture et de la société françaises en répondant à un questionnaire à choix multiples. Sauf cas particulier, l’entretien ne vise plus en revanche à vérifier le niveau de connaissance du français, qui se fait désormais par la production d’un diplôme ou d’une attestation
A l’issue de l’entretien, l’agent établit un compte rendu constatant le degré d’assimilation du postulant à la communauté française ainsi que, selon sa condition, son niveau de connaissance des droits et devoirs conférés par la nationalité française.

  • Décisions

Au terme de l’enquête, le préfet peut décider que la demande est recevable ou irrecevable (décret, art. 43) ; il peut également rejeter la demande en opportunité (voir plus loin). Il peut enfin prononcer un ajournement fixant pour toute nouvelle demande un délai – deux ou trois ans en général – ou des conditions à remplir.

Si le préfet estime que la demande est recevable et qu’il y a lieu d’accorder la naturalisation, il transmet le dossier au ministère de l’Intérieur (sous-direction de l’accès à la nationalité française), accompagné d’une « proposition de naturalisation » (décret, art. 44).
Il revient au ministère d’examiner la demande et de se prononcer dans un délai de dix-huit mois à compter de la délivrance du récépissé (ce délai est réduit à douze mois si la personne concernée réside en France depuis plus de dix ans.) La sous-direction peut, en cas de doute sur le comportement du postulant ou de la postulante, décider d’un complément d’enquête et convoquer une nouvelle fois la personne.

Le ministre peut à son tour déclarer la demande irrecevable, la rejeter purement et simplement ou prononcer un ajournement assorti d’un délai ou de conditions.

Au terme de la procédure, les demandeurs et demandeuses retenus sont naturalisés par un décret qui fait l’objet d’une publication au Journal Officiel (décret, art. 50 et 51).

Les décisions de rejet doivent être motivées et accompagnées de l’indication des voies de recours.

Lorsque la décision négative émane du préfet, le recours hiérarchique devant le ministre, dans les deux mois qui suivent la décision, est un préalable obligatoire pour effectuer ensuite un recours contentieux – devant le tribunal administratif de Nantes – ce qui a pour effet de rallonger encore une procédure déjà longue et éprouvante pour les postulants et postulantes (décret, art. 45) ; le silence du ministre pendant quatre mois vaut refus implicite.

b. Recevabilité, opportunité : deux étapes de la sélection

La préfecture doit d’abord vérifier que la demande est recevable, c’est-à-dire que les conditions prévues par le code civil pour pouvoir être naturalisé sont remplies : âge, résidence en France, assimilation, moralité et loyalisme, absence de condamnations pénales…

Dans un second temps, l’administration apprécie la demande en opportunité, et cette appréciation revêt un caractère discrétionnaire.

Compte tenu de l’interprétation stricte donnée de la condition de résidence habituelle et de la portée extensive donnée aux notions de moralité et loyalisme ou d’assimilation, les principaux obstacles à la naturalisation interviennent au stade de la recevabilité.
Mais il est relativement fréquent de voir rejeter ou ajourner en opportunité une demande qui a passé le cap de la recevabilité sur la base d’éléments du dossier déjà examinés au stade de la recevabilité : ressources, attaches familiales, assimilation, moralité…

Ainsi, le défaut d’assimilation ou la précarité des revenus peuvent n’être pas suffisamment caractérisés pour motiver l’irrecevabilité de la demande mais conduire néanmoins à prendre une décision d’ajournement en attendant que l’intéressé ait amélioré sa connaissance du français ou stabilisé son insertion professionnelle. Une décision de rejet ou d’ajournement peut aussi être motivée par un comportement de l’intéressé qui traduit une assimilation insuffisante ou un défaut de loyalisme : appartenance à des organisations ayant recours à la violence ou prônant des thèses contraires au valeur de la société française, défaut d’acquittement des obligations fiscales, usage de faux documents, etc.

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Dernier ajout : jeudi 17 mars 2016, 15:45
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