Article extrait du Plein droit n° 118, octobre 2018
« Politique migratoire : l’Europe condamnée »
Si on chantait : l’immigration en chanson
Christophe Daadouch
Gisti
Juste derrière l’amour, la thématique de la migration est dans la chanson un genre central. Il ne s’agit pas ici de retracer une histoire aussi longue et importante : il nous faudrait plus que l’espace d’un article pour le faire. Limitons-nous modestement à quelques repères contemporains et principalement français sur le thème de la migration et plus particulièrement celui des sans-papiers.
On pourrait classer notre playlist en quelques grandes thématiques : je veux partir, j’ai réussi et d’autres galères commencent, et, en plus, j’ai la nostalgie du pays. Évidemment, il y a le thème des papiers pour tous, du mariage blanc, voire du retour au pays. Enfin, nous ne pouvons pas finir ce tour d’horizon sans aborder la chanson en soutien aux associations.
Notons d’emblée un genre à notre connaissance absent : la joie d’avoir réussi à migrer. Il faut dire qu’en général la chanson triste a plus de succès (de qualité ?) que la chanson joyeuse.
Enfin, une remarque méthodologique : même si ce papier est publié dans une revue connue pour sa rigueur et son objectivité, nous nous donnons la liberté de faire part ici de goûts personnels et donc d’une parfaite partialité.
Le genre : je ne peux pas sortir
C’est évidemment la musique raï qui fait du sujet du visa un thème important. Pour le traduire de manière pratique, il suffit de taper « Cheb » et « visa » sur quelque moteur de recherche pour dénombrer des dizaines de chansons sur les refus de visa. Citons l’inventeur du raï sentimental, feu Cheb Hasni (Visa) : « J’avais décidé de rejoindre ma bien-aimée/Honte à vous, vous m’avez peiné/Vous avez été jusqu’à me priver du visa/Vous voulez ma mort ou quoi ?/ Je vais me saouler et tout casser/Pourquoi cette injustice/Alors que mon passeport est valide/Et que je ne tiens pas à faire d’histoires… » Une chanson bien plus efficace, à coup sûr, qu’un recours à la Commission des refus de visa à Nantes.
Dans sa lignée, Cheb Nasro revendique lui aussi le fameux sésame dans Atouni el visa : « Donnez-moi le visa pour que j’aille voir mon amour/J’ai peur que l’ambiance française ne contribue pas à mon oubli/Moi dans un pays elle dans un autre/Je n’arrête pas de souffrir, donnez-moi le visa. »
Chez les artistes plus récents, le visa est le thème préféré comme chez le jeune Cheb Djalil. Pour s’en convaincre Halou el consulat ou Visa 6 mois. Le Maroc n’est pas en reste et notre préférence va au chanteur et violoniste Chaabi Abdelatif Stati. Chanteur de la Ghorba (l’exil). Écoutez El Visa wal passport.
Samba le berger du Sénégalais Wasis Diop, lui, ne comprend pas qu’il lui faille un visa pour aller en Europe alors que « dans le Ténéré, des motos et des voitures sont en train de s’amuser » et cela sans aucun contrôle. En ce sens, il fait écho au cri du cœur de l’ivoirien Tiken Jah Fakoly qui, dans Ouvrez les frontières, constate la même inégalité : « L’été comme l’hiver/Et nous on vous reçoit/Toujours les bras ouverts/Vous êtes ici chez vous […] Nous sommes des milliers/À vouloir comme vous/Venir sans rendez-vous. » Ouf, il ne dit pas des millions car, là, il aurait eu la une de Valeurs actuelles et du Figaro ! Ce qui n’est pas, pour un chanteur aussi talentueux et engagé, très bon signe.
Du coup, en l’absence de visa, les seules solutions sont évidemment illégales et dangereuses. Le chanteur engagé tunisien Hedi Guella nous parle de ce péril dans Babour Zemmar : « Le bateau siffle/Loin du regard souffle le brouillard/Il emporte les jeunes entassés/Expédiés en vrac à l’étranger/Rien ne les distingue du bétail sinon/Le passeport. » On peut préférer son émouvante reprise par la plus contemporaine Abir Nasraoui. Un très beau clip qui parle de tant de familles.
Le thème de l’espoir lié au périple migratoire, après avoir été celui de Là-bas de Goldman est celui du African Tour de Francis Cabrel (« Y’aura des déserts, des montagnes/À traverser jusqu’à l’Espagne/Et après… Inch’allah […] Vous vous imaginez peut-être/Que j’ai fait tous ces kilomètres/Tout cet espoir, tout ce courage/Pour m’arrêter contre un grillage »).
C’est aussi celui du jazzy Gibraltar d’Abdel Malik lorsqu’il nous conte les jeunes noirs attendant quelques opportunités pour traverser : « Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui n’est plus esclave, qui crie comme les braves, même la mort n’est plus entrave. » Il appelle au courage celles et ceux qui n’ont plus confiance, il dit : « Ramons tous à la même cadence !!! »
Et de l’espoir, il faut en donner aux siens : c’est ce qu’essaye de faire Christophe Mae (eh oui) dans Lampedusa : « Bientôt vous serez si fier/Et même si le temps se gâte/Même si le vent nous frappe/J’arriverai bientôt/Même si les vagues tapent/La prochaine étape/C’est l’Eldorado. »
Surtout quand la décision de migrer s’est faite malgré le refus des siens, de ses parents. Voir l’émouvant El Harraga du grand Khaled : « Ils ont dit papa l’avenir est sombre/Le goût est fade, les poissons valent mieux que les vers de terre/Sont partis mes enfants très jeunes/Avec la grâce de dieu, la mer les a emportés/Ma bougie s’est éteinte, mes étoiles ont disparu. » Ou de ses frères : on pense au talentueux Bertrand Belin dans Ne sois plus mon frère : « Si tu t’en vas/Ne sois plus mon frère/Si tu t’en vas comme ça/Je vais me taire ».
Partir c’est prendre tous les risques. Dans Aller sans retour, l’engagée Juliette nous met dans la peau d’une migrante mi-inquiète mi-optimiste qui se demande dans « quel paradis ou quel enfer » elle se rend. Lumières et ténèbres se rejoignent également chez Arthur H. dans La Ballade des clandestins : « Pars avec moi vers ce qui nous éclaire/On travaillera chez l’ami de ton frère/Les clandestins glissent vers la lumière/À mourir pour mourir autant mourir. »
Ils sont rejoints dans l’incertitude par Clémence Savalli qui, dans Ciao, salue ce qu’elle quitte sans savoir ce qui l’attend : « Mes amis ciao ciao/Mes projets ciao ciao/Mon pays ciao ciao/Ce soir je pars/Vers mon histoire » (avec un clip des plus émouvants).
Pour ceux qui ont les glandes lacrymales accrochées, on conseillera Amina (La Chanson du migrant) ou, encore plus larmoyant, le définitif clip d’Ouvrir son cœur par le non moins définitif Francis Lalanne.
Arrivé aux portes de l’Europe, il faudra alors affronter murs, barbelés et policiers. Asian Dub Foundation (groupe indo-pakistanais de Londres) est certainement celui qui, avec Fortress Europe a le mieux traduit cette Europe contemporaine (« Robot guards patrolling the border/Cybernetic dogs are getting closer and closer/Armoured cars and immigration officers »). Voyez le formidable clip. Et « Keep bangin’ on the wall of fortress Europe ! »
Quant à Akli D., chanteur kabyle, il interpelle les autorités dans une très belle chanson aux chœurs africains : Laissez-les passer.
Sur place, le genre : désillusion
Nombreuses sont les chansons consacrées au choc migratoire et à la désillusion. Le grand voyageur devant l’éternel, Gérard Manset, le traduit fidèlement dans Avant l’exil : « Juste avant l’exil/Ça semblait facile/De tout quitter. On était le loup sans son collier/L’arbre sans son espalier. Mais quand le sable a quitté le sablier/Que le marbre et la pierre se sont brisés/Que le chêne a fini quand même par retomber/On se retrouve comme on est né/À nouveau dans un monde damné/Sans rien ni personne pour nous aider. »
Tout aussi voyageur et plus dansant, on peut préférer L’Exilé de Lavilliers (sur une musique de Bonga) : « Parler à des gens trop fiers qui ne me voient pas/Juste un homme parmi les hommes, tout seul dans Paris. »
Encore plus entraînant, on dansera avec la malienne Mamani Keita (Pas facile) : « Pas facile gagner l’argent français/Bosser bosser/Il fait froid y’a la neige et le vent. »
Faut-il, avec fatalité, se satisfaire d’être là. C’est déjà ça de Souchon ou le Tant pis que l’exil de Gabriel Yacoub nous y invite. Pas sûr que l’on puisse se satisfaire de finir porte de la Chapelle et de faire la manche Au feu rouge (de Grand corps Malade avec un clip magnifique) ou de fouiller dans les poubelles (El ghorba du très conseillé groupe algérien Freeklane).
Dans tous les cas, un genre nostalgie du pays fait l’objet de nombreuses chansons. Dans les années 1950-1960, les scopitones (anciens clips) de Salah Saadaoui, Slimane Azem, permettaient aux hommes célibataires de penser/panser leur exil. Le Ya rayah de Dahmane el Arrachi, exhumé à l’occasion de la sortie du documentaire Mémoires d’immigrés, reste encore aujourd’hui l’hymne de l’exil.
Le genre : des papiers pour tous
Évidemment l’obtention des papiers est un thème récurrent et même ancien. Déjà, dans les années 1960, le grand chanteur kabyle Slimane Azem chantait l’attente de la Carte de résident : « Faut pas prévoir à l’avance avant d’avoir la réponse/Avant d’avoir la réponse au sujet d’la résidence/Mesdames Mesdemoiselles Messieurs/Si je dois vous dire adieu/Sachez bien que mes aïeux/Ont combattu pour la France/Bien avant la résidence. ».
Un groupe osera même, au début des années 1980, se nommer Carte de séjour, avec pour leader Rachid Taha (voir encadré p. 31), illustrant l’importance de la question.
Clandestino (pour reprendre le hit de Manu Chao ou, plus récemment, de Master Sina), Illegales (Todos somos illegales de Outernational et leur magnifique clip), ou Sin papeles (des argentins Che Sudaka) : les termes utilisés varient pour aborder une thématique commune. Il est difficile de dater la première chanson parlant expressément en France de sans-papiers. Certains considèrent que c’est la comédie musicale Notre Dame de Paris (1998 : deux ans après l’église Saint-Bernard) : « Nous sommes/Des étrangers/Des sans-papiers/Des hommes et des femmes sans domicile/Oh ! Notre-Dame/Et nous te demandons Asile ! Asile ! » Dont acte ! Ce serait donc Richard Cocciante le précurseur.
Depuis lors, les titres consacrés aux sans-papiers fleurissent. Ils peuvent être l’œuvre de migrants eux-mêmes ou d’artistes solidaires. On écoutera avec intérêt le Burkinabé Awetou (Enfants sans papiers qui aborde la question de l’état civil), la Franco-Mauritienne Aissete (Sans-papiers, on aime le couplet « Clandé c’est ton destin »), le griot Shaabaz (Sans papier, qui chante : « Je n’ai pas besoin de cent papiers, un seul me suffirait ») ou le folk du Béninois Serge Ananou (Je suis clandestin). On dansera la rumba congolaise de Bill Clinton Kalonji qui veut bousculer le tabou du mirage européen dans Sans papiers : « Mukalenga veut quitter le pays, oh oh. Mais, sans argent, tu n’es qu’une diaspora, oh oh oh. Sans argent, tu peux être ridiculisé, oh oh oh. » Sur le même rythme mais au son plus moderne, Elbodos Watt (Sans papier) qui nous parle de celui qui est devenu « la honte de la famille, un Parisien moisi ». Ou encore l’Ivoirien Lago Paulin qui réussit à nous faire danser le zouglou en nous parlant de l’église Saint-Bernard (Sans papier et son clip très drôle). Et, pour enchaîner, pas mieux que le Franco-Guinéen William Baldé toujours aussi bougeant dans J’ai pas mes papiers (« Je sais j’ai tort/J’aurais pas dû rester/Sur mon visa, il n’y avait qu’un été/Tous mes papiers sont bien classés/Le seul qui manque c’est celui qu’il me fallait »).
Si on préfère le reggae à la Alpha Blondy, on écoutera alors l’Ivoirien Ismael Wonder qui dans Sans papiers fait part d’une expérience personnelle. Dans une interview sur RFI musique : « J’ai écrit ce texte par rapport à ma propre expérience. Je me suis battu pendant cinq ans à la préfecture pour obtenir une régularisation administrative, alors que je suis venu à Paris pour travailler en tant que musicien. C’est un véritable parcours du combattant quand on est un immigré ! » Et de chanter le paradoxe : « Quand vous venez en Afrique nous vous accueillons les bras ouverts/Nous vous considérons comme nos frères/Alors pourquoi nous expatrier de chez vous » Expatrier ? Quel bel euphémisme.
Ces titres émanent des intéressés. Mais il faut évoquer ceux qui soutiennent les sans-papiers mais ne revendiquent pas de l’être ou de l’avoir été. Qu’il s’agisse des engagés La Rue Ketanou (Le Clandestin aux accents de Brel), des très drôles Las Patadas espantadas (La samba des sans-papiers), du rappeur MLK (Sans papiers : « Vous pillez encore nos matières premières mais vous recalez nos frères »), du rock d’Outrage (Sans papier), du punk-ska de Skawax (Sans papiers) ou du reggae des Ligerians (Sans papiers sur les travailleurs sans papiers).
On citera le chanteur engagé Julos Beaucarne qui ne pouvait rester insensible à cette question et qui, en 2012, chantait dans Les sans-papiers : « Tu as débarqué chez nous avec dans ton maigre bagage une grande espérance. Tu sais que si on te renvoie chez toi tu seras emprisonné et plus personne n’entendra parler de toi. À peine es-tu arrivé chez nous qu’on t’enferme, parfois avec femme et enfants. On te tabasse, on te refait ce que tu as déjà enduré chez toi. » Voilà donc un artiste qui a lu les bilans de la Cimade ou du Gisti !
Le genre : mariage blanc
Bon, c’est vrai, on a beaucoup aimé la reprise des Amoureux des bancs publics en soutien au collectif les Amoureux au ban public qui dénonce les suspicions sur les mariages mixtes. Mais, avouons-le, on a un petit faible pour les vrais mariages blancs en chanson. Quand le Kabyle Baaziz se met dans la peau d’un chanteur (The Best) qui veut faire carrière en France, il nous dit chercher dès qu’il arrive « Une petite vieille sponsor/Pas vraiment belle/Elle n’a que 70 ans/Elle est musulmane fidèle/Pour moi c’est très important ». Plus dansant, le Mamadou des Magic System : « Elle s’appelait Margaux/Je l’ai connue à Bordeaux/Moi je veux me marier/Pour avoir mes papiers/Depuis que nous nous sommes mariés/Tout est mélangé/À cause des papiers/Elle va me fatiguer/Mamadou fait sortir le chien/Mamadou fait la vaisselle/Mamadou fait le marché/Au final c’est Mamadou qui fait tout quoi ! » Et en plus, précisons-lui que cela va durer longtemps !
Le genre : et si on rentrait ?
Après ces années de galère, et si on rentrait. C’est le thème central de ce tube de Mohamed Mazouni qui, dans les années 1970, a tiré de nombreuses larmes avec son titre Adieu la France, bonjour l’Algérie : « Adieu La France, Bonjour l’Algérie/Quand je t’ai quittée, combien j’ai pleuré/Finie souffrance, finie l’indifférence/Bientôt je serai avec toi ma chérie. » Il vaut mieux cela que la reconduite à la frontière.
Samba le berger (voir supra) n’aime pas cette idée pour une raison… surprenante : « Samba aime pas les charters/C’est pas pour faire le fier/C’est que c’est trop d’honneur/De voyager en charter/Avec des gardes du corps. »
Tout aussi provocateur La Belle Bleue chante dans Expulsez-moi : « Il manque un môme sur la photo de classe de l’école de Jacques Prévert […] Allez salut, pleure pas petit ! Tu rentres chez toi et restes-y ! Expulsez-moi, j’suis pas français, mais un putain de Terrien qui pisse sur vos jolies frontières, moi j’appartiens au genre humain moi mon pays c’est la terre ! »
Le groupe Zoufri Maracas (Un Gamin), lui, tente de convaincre le policier : « Si tu savais d’où je venais/Tu ne ferais pas ton malin/Ton autoritaire/Le gars qui me dit que j’dois me taire/Tu déposerais ton mépris, tu me détacherais les mains/Tu me laisserais du répit au moins jusqu’au siècle prochain/Tu me laisserais vivre ici avec ma femme et mes gamins ». La permanence téléphonique du Gisti montre que la chanson ne marche pas toujours.
Le genre : on soutient les associations
Sans nécessairement écrire sur le sujet, de nombreux artistes ont produit des CD pour soutenir les causes qui sont les nôtres. Ce fut le cas en 1997 lorsqu’un certain nombre d’artistes de rap (Akhenaton, Freeman, etc.) ont produit le CD 11 mn 30 contre les lois racistes en faveur du MIB (Mouvement des migrations et des banlieues).
Dans le même esprit et pour lutter contre la double peine, La Tordue écrivait en 1999 Le Pétrin (« On vient tous du même pétrin/Qu´on soit froment ou sarrasin/Herbe folle, maïs ou blé noir/Du champ voisin ou de nulle part ») en faveur du collectif contre la double peine Une Peine Point Barre.
Récemment, nombreux furent surpris de découvrir l’engagement de Coldplay en faveur des migrants. Les revenus issus du CD Aliens (accompagné d’un magnifique clip) sont reversés au Migrant Offshore Aid Station (MOAS), une organisation privée maltaise qui intervient lors de sauvetages en Méditerranée.
Évidemment, un tel tour d’horizon ne saurait oublier le roi du recyclage militant, le talentueux compagnon de route du Gisti, Rodolphe Burger. Recyclage car il fallait penser recycler Brassens en faveur du collectif Les Amoureux au ban public. Il fallait encore plus d’imagination pour reprendre Les P’tits Papiers en faveur du Gisti. Lorsque Gainsbourg a écrit la chanson pour Régine, Les Petits Papiers visaient la presse à scandale. Mais sans rien changer aux paroles, avec le clip d’Audiard et la référence à la liberté de circulation, Les P’tits Papiers semblent avoir été écrits pour le Gisti.
Recyclage de recyclage, écoutons l’adaptation de Nicolas Bacchus (Les Sans Papiers) : « Charters, au r’voir, papier mouchoir/C’est juste sous vos papiers-rideaux/N’ayez plus peur, papier d’humeur/De protester », pour conclure avec le Gisti : « Laissez passer les sans papiers/Ministres, préfettes, papier en-tête/Promis, pas fait, papier gâché/Faites circuler ! »
Les belles rencontres militantes font parfois de belles chansons. Les nombreux contacts entre Les Têtes raides et Noir Désir autour de notre association seront couronnés par un titre L’Iditenté interprété sur scène par les deux groupes lors du concert « Liberté de circulation » de décembre 2001 à Trappes. Extrait : « Avec ces sans-papiers qui vont bientôt r’partir/On a tout pris chez eux, y’a plus rien/Leur rétention en cale de fond/J’en ai même oublié mon ombre. »
Dans cette promenade en musique, nous n’avons pas pu trouver d’artistes importants ayant pu défendre en chanson la lutte contre l’immigration clandestine. Le seul chanteur phare de la scène anglaise ayant pu s’y lancer, Morrissey (ex-chanteur des Smiths) l’a fait dans de nombreuses interviews [1] mais jamais en chanson.
La scène musicale resterait-elle le dernier îlot que l’idéologie dominante n’a pas touché ? Et si oui, pourquoi ? Probablement, comme nous l’avions écrit dans cette même revue à propos des sportifs, parce que la musique a besoin du métissage, de la circulation et pas de l’enfermement.
Merci à Ali El Baz pour ses conseils et traductions.
Notes
[1] En 2007, dans le New Musical Express : « Also, with the issue of immigration, it’s very difficult because, although I don’t have anything against people from other countries, the higher the influx into England the more the British identity disappears. So the price is enormous. If you travel to Germany, it’s still absolutely Germany. If you travel to Sweden, it still has a Swedish identity. But travel to England and you have no idea where you are. ». Plus récemment encore après les attentats de Manchester liés, selon lui, à l’absence de contrôle des frontières et au faible courage de la classe britannique anglaise en la matière.
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