Non au rideau de silence sur les lieux d’enfermement pour étrangers
Campagne de visites parlementaires des lieux de rétention
Dans le cadre de la campagne lancée par le réseau Migreurop pour un Droit de regard dans les lieux d’enfermement d’étrangers, des parlementaires, nationaux et européens, et des militants associatifs effectueront des visites dans ces centres en Italie, en Espagne, au Portugal, en Belgique, en France entre le 30 janvier et le 7 février 2009. En Mauritanie, où fonctionne un centre de détention financé par l’Europe, une journée de sensibilisation sera organisée.
A peine adoptée par l’Union européenne la directive « retour » - qui officialise l’enfermement généralisé des étrangers - les autorités italiennes ont décidé de prolonger jusqu’à 18 mois la durée de l’enfermement des migrants en attente d’expulsion. A la mi-janvier, le ministre italien de l’Intérieur annonçait qu’il voulait transformer l’île de Lampedusa en un immense centre de rétention où seraient gardés les boat-people échouées sur les côtes de cet extrême-sud de l’Italie, avant d’être refoulés massivement à l’issue de procédures expéditives.
En France, où des menaces pèsent sur les conditions d’accès des associations dans les centres de rétention - dans lesquels se multiplient les tensions, les incendies, les tentatives de suicides, etc. -, réduisant de fait l’exercice effectif des droits des migrants, la presse a révélé les conditions indignes dans lesquelles les étrangers sont traités à Mayotte. En Belgique, des étrangers se sont mis en grève de la faim pour protester contre les conditions de leur détention. Au nom de la lutte contre l’immigration irrégulière, et au prétexte de répondre aux attentes de l’opinion publique, la détention des migrants en Europe est en train d’être érigée en système, dans le cadre d’une redoutable harmonisation européenne de l’enfermement des migrants.
Pourtant, le Parlement européen s’inquiète de la multiplication du nombre de centres de rétention pour étrangers dans les États membres et à leurs frontières au cours des dernières années, et des fréquentes violations des droits humains qui sont régulièrement dénoncées dans ces lieux. Le Parlement demande que l’accès des ONG spécialisées dans la protection des droits fondamentaux des migrants et des demandeurs d’asile soit garantis dans ces centres, qu’un organe de contrôle indépendant supervise, au niveau européen, leur fonctionnement, et qu’un rapport analysant la situation des personnes placées dans les centres de rétention qui se trouvent sous l’autorité des États membres, à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs frontières, soit présenté chaque année.
Les camps d’étrangers sont l’épicentre de multiples atteintes aux droits humains. Ne laissons pas tirer sur eux un rideau de silence. Les associations et la société civile ont le droit de savoir ce qui s’y passe.
>> Toutes les informations sur la campagne pour un Droit de regard dans les lieux d’enfermement d’étrangers sont sur le site de Migreurop, pays par pays.
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