Les exilé.e.s de Paris 8 : Un acte de résistance
L’occupation par des exilés à la rue et leur collectif de soutien de quelques salles de l’université de Paris 8 dure depuis huit jours. Elle a reçu de nombreux soutiens et en particulier celui d’un large collectif d’universitaires en poste à Paris 8.
Si une telle action a été entreprise par des exilés et des collectifs de soutien, c’est d’abord parce qu’ils et elles sont à la rue sans accès à un hébergement. Pourtant le Code de l’action sociale et des familles prévoit le droit inconditionnel à un hébergement d’urgence. Pourtant le Code de l’entrée et du séjour et du droit d’asile prévoit un droit à l’hébergement pour tous les demandeurs d’asile. Mais voilà 20 ans que l’État organise sciemment le sous dimensionnement de son dispositif d’accueil à l’adresse des étrangers (et plus largement des pauvres), qu’il organise rationnellement le maintien à la rue du surplus numéraire d’étrangers qu’il ne veut surtout pas accueillir.
Ces dernières années, en réaction à l’augmentation du nombre de migrants, l’État a inventé de nouveaux stratagèmes illégaux pour maintenir à l’écart celles et ceux qui pourraient bien être des réfugiés au sens de la convention de Genève de 1951. Une des dernières pratiques consiste à les empêcher même de déposer une demande d’asile en France. Le règlement Dublin – censé répartir les demandeurs d’asile entre les États de l’Union européenne – sert ainsi de toile de fond juridique à un tri des migrants qui débouche le plus souvent sur une expulsion vers un autre État membre ou sur une mise à la rue, sans toit, ni droit.
Sous couvert d’un discours humanitaire et légaliste – distinguer entre les migrants qui ont droit à une protection internationale et les migrants économiques – l’État n’a de cesse de bafouer le droit de demander l’asile, le droit à un recours effectif et le droit d’être hébergé pendant l’examen de cette demande de protection.
Mais il ne suffit pas de critiquer les violations du droit par l’administration. Même si l’État appliquait le droit à la lettre – ce qui est loin d’être toujours le cas lorsqu’il s’agit des personnes étrangères – la politique mise en œuvre resterait porteuse de violences et d’atteintes aux libertés des étrangers. La France, et plus largement l’Union européenne, ont érigé des barricades juridiques à leurs portes, de sorte que seule une minorité de privilégiés peut accéder au territoire européen par les voies légales, les autres étant contraints de risquer leur vie. Et s’ils parviennent finalement sur le territoire, leur chance d’obtenir l’asile, s’ils ne correspondent pas à l’archétype du « bon réfugié », sont très limitées. Le tri qu’on présente comme juridique - « être ou ne pas être un réfugié au sens de la convention de Genève » - est en réalité un sombre tri politique.
Dans ces conditions, l’occupation de l’Université Paris 8 est d’abord un acte de résistance contre le sort fait aux exilés – un acte de résistance à saisir au moment où un nouveau texte de loi en préparation entend restreindre encore les droits des étrangers.
Les exilés et le comité de soutien présent sur place appellent à un
RASSEMBLEMENT JEUDI 8 FÉVRIER 2018 A 18H DEVANT L’UNIVERSITÉ PARIS 8
MÉTRO ligne 13, station SAINT DENIS UNIVERSITÉ
Voir notre dossier « Jungles, campements et camps d’exilés en France »
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