Article extrait du Plein droit n° 145, juin 2025
« Migrations, pourquoi tant de discours ? »

Répondre à des discours par des discours

Alain Morice

Urmis (CNRS – Université Paris-Cité), Migreurop

Toute une partie de la classe politique et de ses relais médiatiques, disant se faire l’écho de ce que ressentent les « Français », assimile l’immigration à une « invasion », voire – terme ressurgi récemment – une « submersion », indésirée et dangereuse [1]. Ainsi se fabrique et s’alimente une problématique qui, ayant investi le champ électoral au début des années 1980, s’est imposée par ricochet à tous les publics. De plus en plus, cette situation travaille le milieu associatif et son environnement académique, où l’on en mesure les dégâts sur les esprits, et où l’on veut réagir.

De fait, sur le terrain ou dans nos lectures, les occasions ne manquent pas de s’indigner devant la pléthore d’imprécations qui, prenant la figure du « migrant » pour cible, associent dans la plus grande mauvaise foi des réalités déformées sinon inventées, des exagérations, des peurs flirtant avec le racisme. Mais comment réagir ? Dans le but de démonter tous les clichés sur les supposés abus des étrangers sur notre sol, les aide-mémoires du type « Réponse aux idées reçues », se sont faits nombreux, souvent bien documentés et percutants, parfois fruits d’un travail collectif en profondeur [2]. Des sites web s’y consacrent [3], la presse s’y est mise, dans des rubriques comme CheckNews ou Les décodeurs, ainsi que des analyses et des blogs dédiés dont la portée politique est revendiquée [4]. Des projets plus ambitieux ont vu ou voient le jour dans le milieu de la recherche qui, visant à se démarquer d’une démarche militante, se placent sous le signe de la connaissance scientifique.

Pourtant, comment ne pas s’inquiéter qu’il soit si difficile d’enrayer la progression inexorable des propos xénophobes, à tel point qu’en France, plus de quarante ans après ses premières victoires dans les urnes puis la parution en 1985 de La préférence nationale : réponse à l’immigration, l’extrême droite peut se flatter d’avoir fait triompher son point de vue ? Malgré la qualité générale de cette sorte de guérilla au coup par coup contre la pensée populiste, il reste, d’élections en élections et – pire – de loi en loi, l’impression tenace que c’est peine perdue.

Aussi peut-on se demander s’il n’y a pas quelque chose qui « cloche » dans les réactions de ceux et celles qui jugent que ces idées ne sont pas « justes », aux deux sens de ce terme : ni fondées sur des faits, ni conformes aux idéaux humanistes d’une démocratie. C’est précisément, sans prétendre pour autant explorer toutes les pistes, à l’examen des discours opposés aux discours xénophobes qu’on invitera ici à prêter attention : sur quelles prémisses s’appuient-ils, sont-ils toujours conformes à toutes les réalités, sont-ils efficaces, quelles politiques alternatives sous-tendent-ils ? Les présupposés contenus dans les contre-discours sont-ils toujours aussi critiques qu’il y paraît et leurs ambivalences ne risquent-elles pas d’être contreproductives ? Il est possible aussi que leur caractère protéiforme, mêlant souvent des registres empruntés à la morale, à la défense des droits fondamentaux, à la sociologie, l’économie et l’histoire, forme un assemblage syncrétique propre à compromettre leur portée.

Des réalités à la théorie

Ce qu’on range fréquemment sous le terme de « désinformation », relève de deux ordres, qu’il convient de distinguer quoiqu’ils puissent être mélangés dans les pratiques discursives : celui des réalités et celui de l’interprétation. Concernant les réalités, le personnel politique, souvent en vue de préparer les esprits à un renforcement des mesures anti-migrants, a tendance à forcer le trait, voire à inventer des mensonges, assuré de pouvoir le faire en toute impunité, sans même risquer d’être contredit efficacement. Les exemples de falsification sont nombreux : ainsi, la loi actuelle permettrait aux candidats à l’immigration irrégulière toutes les ruses imaginables pour faire du tourisme médical ou, pour les femmes à Mayotte, accoucher d’un enfant qui ipso facto naîtra français en vertu du droit du sol ; ou bien un ministre se plaint que la loi lui interdise d’expulser un terroriste coupable d’assassinat [5]. On est ici surtout dans la référence au juridique qui, en dépit de certaines ambivalences et d’incessants changements, ressortit malgré tout au domaine du vérifiable. Dans le domaine des statistiques, les manipulations sont fréquentes pour confirmer la métaphore de la submersion, avec divers procédés connus des démographes : confusion des nombres absolus, des proportions et des taux de croissance, choix des dates de référence, non-prise en compte des migrations de départ ni des durées d’installation, confusion entre les catégories « immigré » et « étranger », etc. [6]

Réagir est délicat : argumenter pied à pied, c’est non seulement perdre beaucoup d’énergie en direction d’un public hypothétique, mais aussi et surtout, en se mettant dans la posture de celui ou celle qui répond, ne pas avoir le choix du terrain, tout en ayant en tête les méfaits selon le vieil adage « Plus c’est gros, plus ça passe ». C’est ici que gît le piège : tomber dans les querelles du « même pas vrai », au risque de faire à son tour preuve de mauvaise foi en ne sélectionnant que les réalités qu’on juge commodes. Pour éviter de se faire enfermer ainsi dans une problématique qu’on ne partage pas, il est au moins utile de se poser et de poser la question de savoir à quelles fins un mensonge est proféré. Par exemple, dans les cas énoncés ci-dessus, c’est soit pour préparer à la perspective d’un durcissement des lois, soit parce que, sous l’effet d’une évolution inquiétante, l’idéologie identitaire s’est mise aux postes de commande [7]. Sur ce dernier point tout particulièrement, l’établissement factuel d’une supposée vérité se heurte, comme démarche rationnelle, à un mur d’impressions et de craintes : expliquer aux personnes qui disent souffrir des transformations sociales de leur lieu de vie qu’elles se trompent peut sembler aussi peu efficace que démontrer aux gens en proie à la phobie des avions que leur peur n’est pas fondée. En revanche, comme le disait une journaliste à propos des victoires sémantiques de l’extrême droite, ceux et celles qui lui empruntent sa terminologie ne lui font pas « barrage » mais la « consacrent [8] » : si argumentaire factuel il y a en direction des gouvernements qui bâtissent leurs politiques migratoires sur de telles peurs, ce qu’on devrait toujours trouver, c’est moins des constats du genre « vous vous trompez » que des interprétations comme celle-ci : « Vous entretenez une idéologie que vous devriez combattre ».

La gangue épistémologique qui habille les discours et les contre-discours est composée d’abstractions qui peuvent fonctionner comme des totems. On a vu que la xénophobie se réclame volontiers de l’autorité que lui confère la sacro-sainte opinion publique, sans autre considération pour le processus par lequel cette opinion est produite et interprétée [9] ; et, ajoutons, du sens commun dicté par une métaphore biologique, voulant qu’un corps social (notre pays) ne saurait, sans s’y perdre, assimiler une trop grande quantité d’apports étrangers, trop étrangers. Pour se confronter à ce b.a.-ba de la pensée essentialiste, se déploie une volonté d’« informer », voire de « former », et avant tout de rétablir les « faits », avec une fréquente référence à des concepts tels que « vérité », « expertise » et « science » (ou « connaissances scientifiques »). Ce référentiel nourrit une confusion entre l’objectivité et la neutralité de la démarche, évacuant d’emblée la dimension politiquement engagée de la contestation de la xénophobie.

Sur ce plan des démonstrations, deux questions seraient à discuter : d’une part, la pertinence d’une approche des migrations, qui sont des faits sociaux, calquée sur ce que font les sciences expérimentales ; d’autre part, le bien-fondé du postulat hégelien selon lequel ce sont les idées qui commandent le monde, qui se manifeste de manière récurrente dans des énoncés tels que : « Les gens hostiles à l’immigration se trompent : il appartient aux scientifiques de leur expliquer. »

Du scientisme à l’idéalisme

Faire appel à la science pour préconiser une politique migratoire plus libérale et plus humaine que l’actuelle est en soi un argument d’autorité qui se base sur un système de pensée auto-référent peut-être vrai ou faux, mais indécidable. Cette remarque, qui vaudrait pour les sciences dites « dures » dont les progrès et donc les erreurs passées ont de quoi nous rendre modestes, vaut plus clairement pour un domaine – les sciences dites « humaines » ou « sociales » –, où la société ne saurait être prise pour un laboratoire : même en psychologie, on peut d’autant moins facilement réitérer des événements caeteris paribus que les facteurs devant être pris en considération sont nombreux et différents d’une expérience à l’autre, et qu’ainsi les causes ne se laissent pas isoler. Pour parler comme Karl Popper selon qui l’esprit scientifique était celui qui doute, les conclusions, s’agissant spécialement des règles sociales, se prêtent aussi mal à la réfutation qu’à la confirmation. Si on veut bien le suivre sur ce point, on peut déduire que ni les faits (qui ne mentiraient pas), ni la science (qui ne se tromperait pas) ne constituent une réponse décisive aux préjugés courants : une contre-vérité ne fait pas une vérité et encore moins la Vérité.

Le positivisme scientifique a cette particularité de tenir à l’écart la dimension immédiatement politique des discours et faits sociaux, même et surtout quand ils se donnent pour des évidences. Ainsi par exemple, des idées telles que « il y a de plus en plus d’étrangers » et les notions qui les accompagnent comme celle de « seuil de tolérance » ou celle, si établie qu’elle en est devenue aveuglante, d’« intégration », n’appellent pas tant une discussion factuelle qu’un examen des présupposés qui en provoquent l’énoncé, et donc une critique de nature historique et politique, dans laquelle l’étude des raisons de leur succès est une préoccupation majeure. L’exemple de l’intégration, de ce que ce terme recouvre, de ses ambiguïtés et des dérèglements successifs de l’action publique qu’il a pu valider depuis la création d’un Haut Conseil portant ce nom en 1989, est éclairant a contrario : c’est précisément en tournant le dos à l’approche sociologique inspirée des écrits d’Émile Durkheim qu’il a pu s’imposer en mot d’ordre d’une idéologie politique excluante, ségrégationniste et répressive, à une population dont les membres ont pour seul trait commun d’être considérés comme « d’origine immigrée [10] ». Affublée depuis le tournant de ce siècle de l’épithète « républicaine », l’intégration comme modèle d’action publique n’appelle pas de réfutation scientifique à proprement parler (sauf pour indiquer sa référence au déterminisme des origines [11]), mais une contestation idéologique et politique [12]. Pour autant, on peut regretter, si l’on prend la mesure des dégâts qui sont faits en son nom sur le tissu social, que l’intégrationnisme soit si peu traité dans les essais critiquant la politique migratoire – peut-être parce que la gauche parlementaire l’a largement partagé avec la droite. De là vient pourtant la peur devenue obsidionale de voir les immigrants faire souche et d’avoir à gérer leur descendance.

Que peut-on attendre du poids des idées sur les décisions des gouvernants en matière de politique migratoire ; faut-il espérer infléchir, voire dicter leurs choix ? En juin 2018, signé par plusieurs centaines d’universitaires, fut lancé un appel à créer pour les migrations et l’asile un groupe international sur le modèle du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) [13]. La motivation fondatrice pouvait paraître empreinte d’idéalisme, puisqu’en vue de faire prévaloir « certaines vérités solidement établies », il s’agissait de plaider pour « développer des politiques publiques fondées sur des faits scientifiques ». Fallait-il comprendre, comme on disait jadis de certains despotes, que nos dirigeants ne sont pas « éclairés » ? Sans doute car, déplorant que « le manque de compréhension […] produit des politiques désastreuses », il était proposé que ce groupe d’experts et de scientifiques soit créé « pour travailler avec les responsables politiques et les représentants de la société civile ». Comme on le verra dans ce même numéro [14], ce projet a évolué et la perspective d’une telle collaboration n’y figure plus.

Cependant, subsiste une tentation (partagée avec nombre d’ONG) d’« alerter » les décideurs. L’exhortation à l’expertise se fonde implicitement sur l’idée qu’une mauvaise connaissance de la question migratoire produirait des politiques inefficaces et contraires aux principes démocratiques. Si le lien entre méconnaissance et action publique malfaisante est plausible, le sens univoque de la causalité est plus discutable. Tout aussi crédible serait l’hypothèse que ce sont deux éléments d’un même système et que les personnes qui conçoivent ou appliquent des mesures si constamment pernicieuses sont très bien averties. Dans cet esprit, à la suite d’Emmanuel Terray [15], on peut proposer une interprétation fonctionnelle des politiques migratoires, où la persécution du migrant (y compris dans sa dimension raciste de dépréciation des personnes) tend à produire et reproduire constamment la précarité de sa situation, gage de son exploitabilité aux meilleures conditions. C’est même ainsi, sur l’institution d’une inégalité structurelle et durable en sa défaveur, que s’est édifiée la richesse des nations. De ce point de vue, les politiques d’entrave à la mobilité sont conçues par des gens qui savent très bien ce qu’ils font, dont il serait a priori raisonnable de se tenir à distance : des enclosures à l’esclavage et à toutes les variantes de migrations forcées, les meilleurs témoignages nous sont fournis par les politiciens et surtout par les employeurs, qui savent où est leur intérêt. Des travaux historiques comme ceux de Gérard Noiriel peuvent être lus avec cette optique.

Cela posé, la question de savoir si la précarité institutionnelle fonctionne bien ou non, et à quel prix, est tout autre : l’épée de Damoclès, qui n’est pas nécessairement faite pour tomber, est avant tout là comme menace pour les immigrants. Au mieux, les exceptions parcimonieusement dosées (et révocables) peuvent prendre la forme d’un tri – pour les « métiers en tension » ou les régularisations « au fil de l’eau », par exemple. Tout cela pourrait être dû aux contradictions d’une politique utilitariste associant l’attraction et le rejet des étrangers, dont résulte la volonté de les empêcher de s’installer durablement. Les discours officiels rappellent à l’étranger : « Nous avons besoin de vous mais n’oubliez pas que vous n’êtes pas ici chez vous [16]. » On peut également penser que le décalage structurel entre les intentions politiques et les réalités (par exemple, l’inefficacité avérée de la surveillance des frontières ou des mesures d’expulsion des indésirables) a, lui aussi, sa fonctionnalité [17].

Garder la main sur la problématique

Les théories qui servent d’assise aux démonstrations de xénophobie sont souvent imprégnées du paradigme de l’homo œconomicus. Elles conduisent à des développements purement comptables sur la balance coûts-bénéfices de l’immigration, faisant intervenir un nombre considérable de facteurs dont on n’a aucune maîtrise sérieuse de la connaissance – combien coûte une expulsion, combien rapporte un travailleur détaché, si l’on tient compte de tout ? On pourrait appliquer le même commentaire à d’autres sujets très médiatisés tels que la fameuse référence à « l’appel d’air », ou encore le rôle criminel des passeurs. Y répondre, c’est s’impliquer malgré soi dans une problématique qu’on n’a pas choisie. C’est aussi s’exposer à refuser toute approche nuancée et dialectique des problèmes. Mais surtout, c’est prendre le risque de légitimer une vision du monde où le migrant serait réduit à une monnaie d’échange soumise à la loi de l’offre et de la demande, en contradiction avec les principes qu’on défend si l’on se place dans la perspective de l’égalité des droits humains et de la liberté de circuler.




Notes

[1Sur l’enracinement colonial de ce stéréotype, voir Alain Ruscio, « Notre identité nationale submergée ? Une idée vieille comme… la France », Le Club de Mediapart, 15 février 2025.

[2Voir par exemple États généraux des migrations (texte : Sophie-Anne Bisiaux), En finir avec les idées fausses sur les migrations, Éditions de l’Atelier, 2021. Nouvelle édition à paraître en septembre 2025.

[3Voir par exemple Infomigrants.net, site d’information en six langues créé en 2017 et « destiné à lutter contre la désinformation dont sont victimes les migrants où qu’ils se trouvent » et l’article dans ce dossier, p. 18.

[4Respectivement dans Libération, Le Monde et Mediapart. Voir aussi l’article à propos de Désinfox-Migrations dans ce dossier, p. 7.

[5Claire Rodier, « Ne pas instrumentaliser l’horreur », Alternatives Économiques, 24 octobre 2023.

[6Voir par exemple Hervé Le Bras, « Sur l’immigration, avant de parler de submersion, il faut tenir compte des faits », Le Monde, 12 février 2025.

[7Voir Yves Charbit, « Justifier la xénophobie par le “seuil de tolérance” », Hommes & migrations, n° 1330, 2020.

[8Solenn de Royer, « François Bayrou et la “submersion” migratoire” : “Aller sur le terrain de l’adversaire est toujours une capitulation” », Le Monde, 30 janvier 2025.

[9Voir Alain Morice, « Racisme : quand la question fait l’opinion », Plein droit, n° 139, décembre 2023.

[10Voir notamment Jean Faber (Thierry Tuot), Les indésirables : l’intégration à la française, Grasset, 2000. Assez courante, la notion d’« origine immigrée » est une absurdité.

[11On peut évoquer par exemple le fameux « discours de Grenoble » du 30 juillet 2010 où le président Sarkozy, s’en prenant notamment aux Roms, déclara : « Nous subissons les conséquences de 50 années d’immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l’intégration. » ; ou la déclaration du ministre de l’intérieur Valls le 24 septembre 2013, déplorant que, décidément, la majeure partie de ces Roms ne veulent pas s’intégrer, et doivent donc quitter le pays.

[12Pour une analyse de la genèse et des avatars de l’intégration républicaine, voir Danièle Lochak, « L’intégration comme injonction. Enjeux idéologiques et politiques liés à l’immigration », Cultures & conflits, n° 64, 2006.

[13« Créons un groupe international d’experts sur les migrations et l’asile », Le Monde, 28 juin 2018.

[14Voir l’article de Virginie Giraudon et al., p. 33.

[15« “Délocalisation sur place”, libre circulation et droits des migrant·e·s. Entretien avec Emmanuel Terray », A l’encontre, 26 avril 2008.

[16Voir Etienne Balibar (avec Immanuel Wallerstein), Race, nation, classe. Les identités ambigües, La Découverte, 1988. E. Balibar fait du racisme un ressort de l’incorporation d’une force de travail immigrée par le capitalisme.

[17Voir Emmanuel Terray, « L’Europe et les migrants », Multitudes, n° 63, 2016.


Article extrait du n°145

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Dernier ajout : jeudi 10 juillet 2025, 15:41
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