D. 2008-2009 : procédures restées sans suites ?

2008

Vol Air France AF 866 Paris–Kinshasa, le 16 décembre 2008
Trois philosophes posant trop de questions sur une expulsion en cours.

  • Les faits selon le rapport Rapport de l’OMCT et de la FIDH,, Stigmatisation, répression et intimidation des défenseurs des droits des migrants, juin 2009
    Monsieur Pierre Lauret, philosophe, s’est retrouvé dans une situation similaire. Le 16 décembre 2008, dans la salle d’embarquement, la police aux frontières distribue aux passagers d’un vol Air France pour Kinshasa (RDC) un tract mentionnant toutes les conséquences juridiques que peut entraîner le fait de s’opposer à une mesure de reconduite à la frontière. Pierre Lauret, professeur de philosophie, était accompagné de deux collègues et se rendaient à Kinshasa afin de participer à un colloque sur « la culture du dialogue et le passage des frontières »
    Ils sont allés poser des questions aux policiers et se sont vu intimer l’ordre de regagner leur place. Face à leur refus, le personnel d’Air France est intervenu, l’attention des autres passagers a été attirée, et ils ont demandé que l’avion puisse décoller, l’avion de la veille n’était semble-t-il pas parti pour les mêmes raisons. En dépit des ordres donnés par les policiers et le commandant de bord, les trois philosophes ont refusé de regagner leur siège. Une fois l’agitation retombée, le commandant de bord a demandé à Pierre Lauret de débarquer de l’avion, craignant semble-t-il des incidents au cours du voyage ou à l’arrivée. Il a été menotté et placé en garde à vue pendant 7 heures.
    Le 4 mars 2009, Pierre Lauret a comparu devant le procureur du TGI de Bobigny après avoir signé une reconnaissance préalable de culpabilité pour opposition à une mesure de reconduite à la frontière et entrave à la circulation d’un aéronef. Une plainte avait été déposée à son encontre par le commandant de bord et par la compagnie d’aviation Air France. Lors de l’audience devant le Procureur, Pierre Lauret a refusé de se reconnaître coupable. Le parquet a dès lors la possibilité de renvoyer l’affaire devant le tribunal correctionnel, le cas échéant en demandant au préalable un complément d’information. L’affaire est toujours en cours.
    Les deux autres philosophes qui étaient avec lui, Sophie Foch-Remusat et Yves Cusset, ont quant à eux été arrêtés à leur retour à Paris le 22 décembre 2008. Madame Foch-Remusat a été menottée et soumise à deux fouilles corporelles, laquelle inclut une exploration anale. L’enquête préliminaire les concernant est toujours en cours. Elle peut durer jusqu’à trois ans, à la discrétion du parquet.
    "En posant des questions au policiers, on rend visible l’expulsion. Il y a un ensemble de petits dispositifs qui visent à empêcher la simple interrogation civique", conclut l’avocate de Pierre Lauret. »

>> Il semble que ces affaires sont restées sans suite.

    • Tribune de Libération, 24 décembre 2008
    • [Les Echos, 4 mars 2009
    • Rue89, 22 décembre 2008

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Dernier ajout : mardi 22 janvier 2019, 19:00
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