action collective

Squatter pour (sur)vivre
Exilé⋅e⋅s à Calais

A Calais, le 12.07.2014, l’occupation d’un bâtiment habité depuis plus de 48h a été rendue publique à l’issue de la manifestation de soutien aux personnes exilées. Cette marche avait pour objectif de dénoncer la rafle de plus de 600 personnes et la destruction de leur lieu de vie le 2 juillet dernier. Comment faire autrement qu’occuper des bâtiments vides, alors que, depuis des années, les pouvoirs publics s’acharnent à déloger les personnes exilées de tous les lieux où elles tentent de survivre ?

Dans le Calaisis, dans le nord-ouest de la France et, plus largement, dans tout le pays, des soutiens se démènent pour trouver des caravanes, des bâches, des palettes, de quoi abriter ces étrangères et ces étrangers à la recherche d’une protection en Europe. A Calais, les soutiens ont d’abord loué légalement des maisons pour pouvoir y accueillir des exilé.e.s, ne serait-ce qu’en journée. Mais leurs capacités d’hébergement se sont avérées insuffisantes et, surtout, la préfecture a toujours fait en sorte de faire évacuer les lieux.

Question de survie, il a donc bien fallu occuper des bâtiments publics, des usines, des ateliers désertés. Tous ont été systématiquement et violemment vidés par la police (souvent en dehors de tout cadre légal), tout comme ont été systématiquement détruites tentes et cabanes dissimulées dans la nature.

Non seulement, cette persécution viole le droit universel à l’hébergement, mais elle bafoue les obligations de l’État en matière d’accueil des demandeurs d’asile.

Les pouvoirs publics doivent respecter les droits et la dignité des personnes migrantes et assumer leurs obligations à leur égard. C’est parce qu’ils s’y refusent qu’un nouveau squat a été ouvert à Calais au n° 10 de l’impasse des Salines.

Nous soutenons cette initiative parce que, dans les conditions actuelles, elle est la seule solution pour que les personnes exilées puissent au moins dormir à l’abri de la pluie et du vent, et sauvegarder ainsi un peu de leur statut d’êtres humains.

Ce squat n’est pas une solution idéale, c’est une solution par défaut, pour répondre à l’urgence humanitaire. Mais il faut, le plus rapidement possible aller au-delà des urgences. L’administration doit imaginer des solutions d’hébergement adaptées. Elle doit envisager la dénonciation ou la révision du Traité franco-britannique du Touquet et pousser, au plan européen, à la modification du règlement Dublin III. Quant au traitement uniquement policier de la situation, l’Etat doit y renoncer.

Nous appelons les habitants de Calais et d’ailleurs ainsi que les personnalités (artistes, responsables politiques, universitaires...) à soutenir les personnes qui s’abritent au 10, impasse des Salines, à Calais, en s’exprimant publiquement et/ou en venant participer à la vie et à l’animation de ce lieu.

Le 15 juillet 2014

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Organisations signataires :
ACC Minorités Visibles (Dunkerque) / ADRA Dunkerque / L’Auberge des Migrants (Calais) / Calais, ouverture et humanité / La Cimade Nord-Picardie / Collectif fraternité migrants du Bassin Minier 62 / Collectif pour l’avenir des foyers (COPAF) / Collectif de soutien de l’Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales (EHESS) aux sans-papiers et aux migrant-es / Collectif de soutien des exilés (Paris) / Délégation Nord-Pas-de-Calais de Médecins du Monde / Emmaüs (Dunkerque) / Emmaüs International / Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) / Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS) Nord-Pas-de-Calais / Femmes Plurielles / Fondation France Libertés Danielle Mitterrand / Groupe d’Information et de Soutien des Immigré.e.s (GISTI) / Histoire d’eux - Théâtre de l’opprimé (Tarn-et-Garonne) / Itinérance (Cherbourg) / LDH / NAJE - Théâtre de l’opprimé (Antony) / Pôle d’Exploitation des Ressources Urbaines (PEROU) / Réseau Education Sans Frontières (RESF) / Le Réveil Voyageur (Calais) / SALAM Nord-Pas-de-Calais / Section Ligue des Droits de l’Homme de l’EHESS / Solid’R (Calais) / Terre d’Errance (Flandre littoral) / Terre d’Errance (Norrent-Fontes) / T’OP ! Théâtre de l’opprimé (Lille) / Mouvement UTOPIA / Vacarme (la revue).

Avec le soutien de :
Europe Ecologie Les Verts (Nord-Pas-de-Calais) / Ensemble ! / Nouveau Parti anti-capitaliste (NPA) / Parti Communiste Français (PCF).

Une lettre ouverte sur la situation à Calais a également été envoyée au premier ministre et au ministre de l’Intérieur. Le Gisti figure parmi les 27 signataires.

Voir notre dossier « Jungles, campements et camps d’exilés en France »

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Dernier ajout : jeudi 1er février 2024, 16:34
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