action collective

Stop aux destructions coûteuses, inutiles et inhumaines !

Les associations dénoncent la destruction illégale d’un campement à Saint-Hilaire Cottes (62) avec un hélicoptère, trois véhicules et plus de gendarmes que d’exilés présents. Deux semaines après, les personnes sont encore là, encore un peu plus précaires.

Des conditions de vie indignes

Mercredi 6 novembre en fin d’après-midi, la gendarmerie d’Isbergues a détruit le campement de Norrent-Fontes / Saint-Hilaire Cottes, constitué de deux pauvres tentes et de quelques bâches et couvertures, posées le long de bosquets, en plein champs, entre l’autoroute et la route nationale.

Deux petites tentes où s’abritaient à peine une dizaine de personnes. Seules 6 d’entre elles étaient présentes lors de la destruction.

Deux tentes, trois bâches et rien d’autre. Même pas de quoi faire un feu pour se réchauffer ou cuisiner. Pas de ramassage des poubelles. Ce sont les bénévoles qui cuisinent et amènent les repas et de l’eau à ces jeunes hommes qui cherchent à aller en Angleterre.

Le harcèlement jusqu’à détruire deux tentes que se partagent une dizaine de personnes en souffrance.

Ce harcèlement n’est malheureusement pas nouveau et, qu’il soit le fait des autorités ou d’individus, cela se répète depuis des mois :

  • Début mai, les tentes de l’association ont été lacérées et détruites ;
  • 17 mai : les effets personnels des exilés sont ramassés par la brigade mobile de gendarmerie, pourtant assez loin de l’autoroute, son territoire théorique d’intervention ;
  • 24 septembre : destructions des effets personnels (tentes, sacs de couchages, sacs, téléphone), jetés à la déchetterie immédiatement, rendant impossible toute récupération ;
  • 19/20 octobre : une tente a été brûlée. Quelqu’un aurait pu se trouver à l’intérieur.

Une expulsion illégale et coûteuse

La destruction du mercredi 6 novembre s’inscrit dans cette triste liste.

Est-ce parce que des bénévoles se trouvaient sur les lieux ? Il a été question cette fois d’un arrêté municipal sur lequel se basait l’expulsion.

Pourtant, malgré les recherches, aucun arrêté n’était affiché, ni sur place, ni même en mairie. L’avis interdisant le campement n’a été affiché que le lendemain de la destruction du dit campement : honte.

Aucun huissier, aucun travailleur social, mais 7 gendarmes, un hélicoptère et trois véhicules pour confisquer 2 tentes et ignorer les 6 personnes présentes à ce moment-là : honte.

De plus, aucune enquête sociale n’a été menée. Ainsi, les gendarmes ont affirmé qu’aucun de ces jeunes hommes n’était mineur, sans même leur avoir posé la question : honte.

Enfin, aucune proposition de mise à l’abri n’a été présentée à ces personnes sans domicile, alors qu’on leur enlevait leur seul abri : honte.

Du mépris pour les personnes expulsées

Est-ce parce que des bénévoles se trouvaient sur les lieux ? A aucun moment les gendarmes ont adressé la parole aux personnes dont ils détruisaient les seuls abris. Aucun interprète n’était présent et les gendarmes ne parvenaient pas à s’exprimer en anglais.

Et lorsque posément, l’un des jeunes hommes s’est adressé aux gendarmes pour demander où et comment il pouvait s’abriter sans sa tente, seul le silence lui a répondu : honte.

Des pressions sur les bénévoles témoins

Lorsque les trois bénévoles qui se trouvaient sur les lieux ont voulu filmer la scène de destruction, ils ont subi une pression mensongère de la part des gendarmes afin de leur faire effacer les images honteuses. Pire : leurs identités et adresses ont été prises, avec la promesse d’une convocation prochaine pour dépôt d’ordures. Ces bénévoles avaient amené des crêpes à partager avec les personnes exilées. Est-ce déposer des ordures que d’amener des crêpes à des personnes dans le dénuement le plus extrême ? D’ailleurs, les bénévoles veillent quotidiennement à ramasser les ordures lors de leur venue pour apporter de l’aide humanitaire : honte.

Une expulsion inutile et inhumaine

Cette situation est identique à Steenvoorde, Grande-Synthe, Paris, Calais et ailleurs. Sans solution, les personnes ainsi harcelées sont dans des situations toujours plus précaires et errent de campements en campements.

D’ailleurs le mercredi 6 novembre, aucune autorité ne s’est souciée des êtres humains qui vivaient là.

Ces êtres humains s’abîment au fur et à mesure du harcèlement subi. Et cela fait honte.

19 novembre 2019

Signataires :

  • Association minorités visibles et de la diversité
  • Auberge des Migrants
  • Cercle du silence Hazebrouck
  • Collectif AID
  • Collectif Cambrésis pour l’aide aux migrants
  • Flandre Terre Solidaire
  • Fraternité migrants Bassin Minier 62
  • GISTI
  • Human Rigthts Observers
  • Itinérance Cherbourg
  • Migraction 59
  • Nouvelle Jungle Lille
  • Refugee Youth Service
  • Secours Populaire Français - comité local de Vendin-Oblinghem
  • Terre d’Errance (Norrent-Fontes)
  • Terre d’Errance Steenvoorde
  • Utopia 56

Voir notre dossier « Jungles, campements et camps d’exilés en France »

[retour en haut de page]

Dernier ajout : jeudi 1er février 2024, 16:20
URL de cette page : www.gisti.org/article6265