Article extrait du Plein droit n° 10, mai 1990
« Le droit d’asile en question »

Sri-Lanka : un pays à feu et à sang

Repères :

Capitale : Colombo
Superficie : 65 610 km2
Population : 16,78 millions
PIB : 6,56 milliards de $
Dette extérieure : 4,9 milliards de $
Taux de mortalité infantile : 33°/00
Analphabétisme : 12,9 %
Espérance de vie : 70 ans
Langues officielles : Cinghalais Tamoul (depuis 1978)

Régime : présidentiel (depuis 1978)
Chef de l’État : Ranasinghe Prema-dasa (UNP)
Chef du gouvernement : D.B. Wi-jetunge (UNP)
Indépendance : 1948

Ethnies :
– Les Cinghalais (originaires du nord de l’Inde), arrivés dans l’île au VIe siècle avant J.0., représentent 74 % de la population. En grande majorité boudhistes, ils vivent principalement dans le centre et à l’ouest de l’île et détiennent le pouvoir, ce qu’ils estiment légitime.
– Les Tamouls (originaires du sud de l’Inde) représentent 18 % de la population et sont majoritairement hindouistes. Ils sont divisés en deux groupes :

  • les Tamouls « autochtones », arrivés au Xie siècle et dont les castes supérieures sont économiquement puissantes ;
  • les Tamouls « immigrés », amenés au Sri-Lanka au X1Xe siècle par les britanniques pour travailler dans les plantations de thé. La plupart n’ont pas la nationalité sri-lankaise.
    Les Tamouls vivent principalement dans le nord et l’est mais 26 % d’entre eux sont présents dans des régions à majorité cinghalaise.

Dès l’origine, le Sri-Lanka doit faire face à des tensions ou violences intercommunautaires. La population cinghalaise impose aux Tamouls sa domination politique, économique et culturelle. Le conflit, né en1983, n’est pas apaisé, une succession de crises plonge le pays dans la terreur. Le gouvernement actuel tente d’organiser une économie libérale sous le contrôle étroit du FMI et de la Banque mondiale.

Dans le nord de l’île, l’agitation n’a jamais cessé. Les Tamouls réclament leur indépendance et, en application de l’accord de paix indo-srilankais de juillet 1987, des élections ont eu lieu pour les conseils de province. Elles se sont déroulées dans un climat de violence et d’intimidation.

Dans les zones à majorité cinghalaise, le JVP (Janata Vimukthi Peramuna), mouvement ultra-nationaliste qui avait été interdit comme parti en 1983, a déclenché, dès 1987, une offensive contre le pouvoir. On a estimé qu’au cours de l’année 1989, cette violence généralisée au Sri-Lanka avait fait 30 000 victimes.

Le JVP, au départ marxiste et se définissant aujourd’hui comme nationaliste, recrute principalement dans le sud et le centre de Pile où la situation économique est catastrophique. Dans certaines régions, le chômage touche 75 % des moins de 30 ans. Si la situation n’est pas complètement nouvelle, aucun des gouvernements successifs n’y a apporté de réponse. De plus, à partir de 1983, la lutte contre les indépendantistes tamouls a mobilisé l’attention et les ressources du pouvoir.

Le pays est véritablement à feu et à sang. La répression a fait des ravages. Elles est le fait de l’armée, mais aussi de milices privées contrôlées par des ministres en place. C’est une politique de représailles systématiques qui se pratique dans les zones tamoules (avec les exactions qui ont été commises en particulier par l’Indian Peace Keeping Force), mais également dans le sud et le centre du pays pour répondre à l’action du JVP.

On voit difficilement aujourd’hui ce qui pourrait sortir le Sri-Lanka de la spirale de violence dans laquelle il se trouve.



Article extrait du n°10

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Dernier ajout : jeudi 3 avril 2014, 14:28
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