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Valls légitime la politique passée de Sarkozy, la poursuit pour le présent et cautionne par avance les futures mesures de la droite
Prolongeant la tradition de ses prédécesseurs, Hortefeux, Besson et Guéant, Manuel Valls a présenté le 31 janvier le bilan de sa politique en matière d’immigration : 27 000 expulsions en 2013 contre 36 000 en 2012 et 46 000 régularisations, soit 10 000 de plus que l’année précédente. Des chiffres qui pourraient refléter, non pas un sens accru de l’humanité, il ne faut pas exagérer, mais disons un moindre acharnement dans la brutalité.
Il n’en est pourtant rien, selon Valls. Rien ne serait plus faux que d’imputer ces résultats à de quelconques scrupules de ceux qui sont chargés de l’immigration à son cabinet, Thomas Andrieu et Raphaël Sodini. Au contraire ! A en croire M. Valls, la diminution du nombre des expulsions n’est qu’apparente car Guéant et les autres gonflaient les chiffres en y incluant les retours « volontaires », en particuliers ceux des Roumains et des Bulgares percevant une « aide au retour » que Valls à supprimée.
En réalité, se félicite le ministre de gauche ( ?) « le chiffres des retours dits contraints [1] en métropole en 2013 sera supérieur au chiffre constaté en 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011 ». Hortefeux, Besson, Guéant petits bras ! Le Bébert, c’est Manu qui, à l’en croire aurait battu ses minables prédécesseurs de 2 % !
Cette bataille de chiffres pour revendiquer le titre de champion de l’expulsion est odieuse. Chacune des expulsions est une existence stoppée net, au hasard d’un contrôle. C’est une garde à vue, un emprisonnement jusqu’à 45 jours dans un centre de rétention, un embarquement parfois très violent, ligoté de la tête aux pieds et bâillonné. C’est aussi la perte de son logement, de son travail, de tous ses biens accumulés. C’est enfin une humiliation dont on ne se remet parfois pas. L’Association des Maliens expulsés (AME) rapporte que les expulsés finissent mendiants, fous ou suicidés. On a honte de voir les ministres de l’Intérieur de la République française polémiquer pour revendiquer la place de premier expulseur.
Que Manuel Valls décroche ou pas ce titre n’est pas le plus grave, sauf peut-être pour son ego. Cette attitude aboutit à occulter les quelques mesures positives prises par le gouvernement : la forte diminution du placement des familles en rétention, l’abrogation de la circulaire Guéant interdisant aux étudiants étrangers de travailler à la fin de leurs études, la remontée du nombre des naturalisations (- 40 % sous Guéant, + 14 % sous Valls) ou encore le fait que les discours des ministres ne comportent plus les allusions xénophobes ou racistes à la Hortefeux ou Guéant.
Mais c’est à ancrer dans l’opinion l’idée que si des aménagements à la marge sont possibles et si les discours peuvent changer, la réalité de la politique, les faits et les chiffres demeurent. Que le gouvernement soit de droite ou de gauche, il n’est qu’une seule politique possible en matière d’immigration : celle du moins de régularisations possible et des expulsions par milliers ou dizaines de milliers initiée par Sarkozy et fièrement poursuivie par Valls !
C’est légitimer la politique de Sarkozy pour le passé, la poursuivre pour le présent et cautionner par avance les mesures plus terribles encore que prendra la droite pain au chocolat revenue au pouvoir. Les responsable de droite ont seriné des années durant la phrase de Michel Rocard « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » en occultant la seconde partie « mais elle doit en prendre toute sa part ». Il y a gros à parier que les ministres d’un futur gouvernement de droite très à droite répèteront « Comme le disait très justement Manuel Valls, il faut faire le moins possible de régularisations et les plus possible d’expulsions » ou, « Comme le disait M. Valls, le regroupement familial n’est pas un tabou » ou « Les Roms ne sont pas intégrables ». C’est irresponsable.
Il est temps, vraiment, que la politique du gouvernement en matière d’immigration change, en profondeur et vite. Pour le présent et pour l’avenir. Et si le gouvernement ne s’y résolvait pas, que se fassent entendre haut et clair, à gauche, dans la majorité, aussi au parti socialiste et ses élus et, pourquoi pas, parmi les ministres, les voix de celles et ceux qui n’acceptent pas que leurs idées soient dévoyées.
[1] On appréciera au passage la distinction de l’expression « retours dits contraints » pour désigner un acte aussi odieux qu’une expulsion.
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